Nous repartons vers une nouvelle destination : le Mexique. Nous avons rendez-vous avec nos amis Céline et Djé et leurs deux enfants Jade et Liam qui passent leurs vacances sur la Riviera Maya.

Retrouvailles

Et quel plaisir de les revoir ! Les enfants aussi sont tellement heureux de se retrouver après ces mois de pérégrinations pour nous et ces semaines de voyage pour eux. Nous nous retrouvons pour quelques jours dans une petite station balnéaire à proximité de Cancun, Puerto Morelos.

Puerto Morelos la rescapée

Puerto Morelos nous surprend. En plein cœur de la Riviera Maya aux centaines de Clubs vacances qui s’étirent le long du bord de mer, coincé entre l’extravagante station balnéaire à l’américaine qu’est Cancun et sa petite sœur Playa del Carmen, le petit village de pêcheurs de Puerto Morelo survit, et garde le charme d’une bourgade touristique comme on les aime. Une jolie place centrale où viennent jouer les enfants, quelques restaurants familiaux et traditionnels, des bâtiments qui ne mesurent pas plus de 2 ou 3 étages et un charme encore authentique. On se demande bien comment la vague du tourisme de masse n’a pas encore submergé cette localité… À notre plus grand bonheur. 

puerto morelos, riviera maya

Une invitée non désirée

Toutefois, sur la plage, comme sur toute la côte sud du Yucatan, de Cancun à Tulum, une invitée non désirée s’est fait la part belle. On la nomme « la sargasse ».

« La sargasse est arrivée ici il y a une dizaine d’année, et chaque année cela empire », nous confie Luis, capitaine de bateau. 

La sargasse, c’est quoi ? C’est une algue brunâtre découverte pour la première fois au 16ème siècle dans la mer… des Sargasses. Inconnue des rivages mexicains il y a 10 ans, elle a aujourd’hui envahi toutes les plages de sable blanc et transformé l’eau turquoise en eau sombre et noirâtre. 

Sargasse riviera maya

« L’algue arrive chaque année vers février ou mars lorsque la mer se réchauffe et disparaît vers le mois de septembre. Mais l’automne est aussi la saison des ouragans, il ne nous reste donc que les mois de décembre et de janvier durant lesquels les eaux retrouvent leur limpidité…

– C’est donc un phénomène dû au réchauffement climatique ?

– Oui, entre autres… On dit que cela vient aussi des déversements d’eau usée dans la mer, chargés de pesticides, détergents et autres produits chimiques qui entraînent une augmentation en phosphate et en nitrate dont les sargasses raffolent. Et puis les poissons qui mangent cette algue sont de moins en moins nombreux à cause de la surpêche. » 

Mer chaude + alimentation en phosphate + moins de prédateurs, le cocktail est gagnant pour une prolifération de sargasses.

« La sargasse n’est pas qu’un problème visuel, rajoute Luis, elle envahit nos ports, s’accrochent aux hélices de nos bateaux. Elle empêche les tortues de venir pondre sur le rivage et à leurs bébés de rejoindre la mer. En plus, en séchant, l’algue dégage une odeur pestilentielle… »

Pour lutter contre l’invasion de cette algue, des barrières anti-sargasse ont été installées au large. Malheureusement, au vu des plages, cela n’a pas l’air d’être efficace…

« C’est que la sargasse s’accumule à l’arrière des filets, et quand il y en a trop, elle passe en-dessous. Les bateaux de ramassage ne passent pas assez souvent ! »

Sargasse riviera maya

Alors on emploie des personnes pour la ramasser sur le sable. Un travail de forçat sous un soleil de plomb payé 15 euros par jour. Et le lendemain, ça recommence…

« Cette algue se reproduit extrêmement vite. Elle peut doubler sa biomasse en 20 jours ! »

– Que fait-on avec toutes les algues qu’on récupère ?

–  On a essayé d’en faire des briques pour construire des habitations peu chères, mais cela ne marche pas… En effet, la sargasse se transforme en sable en moins de deux ans. Alors on l’entrepose dans des zones prévues à cet effet dans l’attente qu’elle se décompose. »

Des milliers de poissons

A Puerto Morelos, sur le ponton, de tous côtés, on se fait alpaguer par les vendeurs de tours organisés.

« Vous voulez faire du snorkeling ? On vous emmène jusqu’à la barrière de corail, vous allez voir, il y a des dizaines de poissons, des tortues… et l’eau est très claire là-bas, il n’y a pas de sargasse ! »

Sargasse

En effet, l’argument pèse son poids. Le bord de mer marronasse n’invite pas particulièrement à la baignade. On se laisse donc tenter par une balade en bateau. Gilets sur le dos, nous barbotons dans l’eau entre la barrière de corail et le filets anti-sargasse. On n’est pas les seuls. Des tas de gilets orange s’ébattent également à quelques dizaines de mètres de nous.

« Restez bien près de moi, nous dit le guide. »

C’est vrai qu’on aurait tôt fait de se tromper de groupe de gilets orange.

Une sortie snorkeling est toujours un véritable bonheur. Nager au milieu des poissons est comme être invité dans un monde parallèle, mystérieux et merveilleux. Toutefois, le snorkeling en tas de gilets orange n’est pas vraiment ce que l’on préfère.

« Il n’y a pas de possibilité de voir des poissons sans prendre de bateau ? demande-t-on à notre guide.

– Non, la barrière de corail est trop loin du rivage et puis il faut obligatoirement être accompagné d’un guide. »

Bon, tant pis pour le snorkeling en solo…

Snorkeling

Des plages inaccessibles

La Riviera Maya s’est développée à vitesse grand V. Déjà, il y a 20 ans, lors de ma première venue (lire ici l’extrait de l’historiette « Bienvenida a Mexico ») le littoral aux alentours de Cancun n’était qu’une enfilade d’hôtels. Pour voir la mer, pas d’autres moyens que de montrer patte blanche grâce au petit bracelet dont on vous avait affublé si vous aviez payé votre semaine quatre étoile tout inclus.

20 ans après, la tentacule du tourisme de clubs a continué de pousser, s’est accaparée de sa voisine Playa del Carmen et aujourd’hui s’attaque à Tulum. Des clubs, des hôtels, des parcs d’attraction, bienvenue dans le monde du tourisme de loisirs. Ici tout est destiné à vous amuser, à vous divertir, à vous faire oublier votre vie ordinaire pour un monde de contes de fées. Ici on s’occupe de tout, rien à penser, rien à décider, moyennant monnaie.

Evidemment, pour le voyageur indépendant, la riviera maya est plutôt frustrante. Nous ce qu’on aime c’est errer, divaguer, rencontrer, décider, se tromper, recommencer. Mais cette façon de faire n’est pas très lucrative pour les professionnels du tourisme. Vous ne voulez pas payer ? Passez votre chemin s’il-vous-plait.

Quelques plages toutefois résistent, et n’ont pas été encore privatisées par des Hyatts ou autre Hiltons. Pas facile de les trouver, il faut demander, chercher. On en a découvert une que les locaux apprécient tout particulièrement, elle s’appelle Punta Esmeralda. À quelques kilomètres de Playa del Carmen, tous les mexicains s’y retrouvent pour se baigner dans ses eaux turquoise protégées de la sargasse par un filet qui semble fonctionner. L’eau est si chaude qu’on pourrait s’y tremper toute la journée. Comme d’habitude, Léa s’y fait des amis, une canadienne, une mexicaine, et entraine Liam et Jade à jouer dans l’eau.

punta esmeralda mexique

Cénotes

En cette saison estivale, il fait très, très chaud sur la riviera Maya. Et à quelques kilomètres de Puerto Morelos se trouve la route des cénotes. Et si on allait y faire un tour ?

On les avait découvert lors de notre premier tour du monde avec Seb, on les fait découvrir à nos filles cette année.

Un cénote, c’est quoi ? C’est une grotte remplie d’eau de source. Certaines d’entre elles ont perdu leurs plafonds et sont désormais à découverts. L’eau filtrée à travers le sol calcaire est très pure, c’est pourquoi elle est souvent très claire et d’un bleu turquoise vif.  

Cenote siete bocas

Ici, Le sol du Yucatan est un véritable gruyère, et ce sont des centaines de cénotes que l’on peut explorer dans cette région du monde.

Du temps des mayas, les cénotes étaient des lieux de rituels. Le mot cénote vient d’ailleurs de « dzonot » qui veut dire « puit sacré ». Aujourd’hui les prêtres ont été remplacés par de nouveaux maîtres des lieux : les touristes.

Cenote Verde Lucero et Cenote siete bocas

Notre premier Cenote est le Cenote Verde Lucero. Comme son nom l’indique c’est un grand cenote à la couleur verte à ciel ouvert. Un véritable terrain de jeux pour nos enfants qui s’éclatent à sauter dans l’eau douce. Et avec cette chaleur, l’eau fraiche est une véritable source de jouvence. On a l’impression de renaître !

Les enfants ont tellement apprécié leur journée au cénote qu’ils n’ont qu’une envie : recommencer.

Cette fois-ci, nous nous rendons au cénote siete bocas. De nouveau, son nom n’est pas un hasard, il y a en effet sept « bouches », sept entrées pour accéder au cénote. Et magie du lieu, il a la particularité d’être en partie souterrain, en partie découvert. Incroyable sensation que celle de nager sous une voûte et d’explorer les cavités aux parois sculptées de stalactites, et enfin d’émerger au soleil dans un grand bassin en plein air.

Un petit tour à Cozumel

En face de la côte sud du Yucatan, une île : Cozumel.

Cette île, devenue comme toute la riviera Maya une destination prisée des touristes, en particulier nord-américains, a aujourd’hui un atout de taille : elle est préservée du fléau de ces dernières années : la sargasse. Ici, l’eau est toujours cristalline et la mer regorge de spots de plongée et de snorkeling.

Et que c’est beau ! des plages de sable fin, de l’eau turquoise, des étoiles de mer géantes. Nous partons en bateau explorer certains des plus beaux sites de la région, jouons avec les courants marins, emplissons nos yeux des couleurs des poissons arc en ciel. En fin de journée, alors que nous barbotons dans une baie à l’eau peu profonde, des raies immenses s’amusent à jouer autour de nous et à nous frôler à leur passage. Magique.

etoile de mer cozumel

Sur la plage de Puerto Morelos

Ce matin, Seb et moi décidons de braver la sargasse. On va nager un peu ! Nous pénétrons dans l’eau marronnasse, puis nous nous éloignons en direction du large. Au fur et à mesure que l’on quitte la rive, l’eau devient de plus en plus claire, et à seulement 100 mètres du bord nous nageons dans une eau limpide. Et nous nous retrouvons rapidement entourée de dizaines de poissons rayés bleus et jaunes. Ils nous escortent jusqu’à un rocher de corail, ce que l’on appelle dans le jargon des plongeurs une « patate », où s’ébattent des dizaines de poissons multicolores. Un véritable eden accessible à la nage. Où personne ne va. Finalement, la sargasse ne serait-elle pas la gardienne d’un secret bien gardé, protégeant les créatures de l’eau d’un tourisme à outrance ?

Chacun sa route

Après avoir passé ces quelques jours en compagnie de nos amis, il est temps pour nous de continuer notre route en solo. Prochaine étape : les sites archéologiques mayas !

Lisez la suite de notre voyage en famille 2023 : Les cités mayas de Kohulinch et Calakmul

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Cet article a 7 commentaires

  1. henry claudie

    continuer de nous faire rever c’est toujours passionnant de vous lire bonne continuation

    1. Calvet Véro

      Toujours aussi passionnant. Bonne continuation

  2. Brasset

    genial on veut la suite régalez vous on vous embrasse

  3. Gaultier

    Merci pour la qualité du texte et de l’investigation… Profitez bien de ces journées précieuses… Amitiés. Christian et Françoise.

  4. Pappatico sonia

    Tu nous fais rêver Aurélie !!!
    Magnifique le Mexique!! Aussi!!
    C’est top !!
    Ça a dû vous faire du bien de voir vos amis après ces mois de voyage!!
    Bonne continuation et on attend la suite!!
    Bisous à la petite famille😘😘

  5. jacques

    Toujours aussi intéressants ces récits qui nous font rêver ,attendons la suite avec impatience.

  6. Richard nadine

    On ne se lasse pas de vos récits tous différents mais très enrichissants,c’est fabuleux pour vos filles.Bonne continuation à tous les 4