Neuf heures de route sur des kilomètres de rien. Nous découvrons la pampa argentine, une terre aride et plate, parsemée de quelques touffes d’herbes, qui s’étend à perte de vue. Parfois, au bout de trois ou quatre heures de route, on croise un village, moins qu’un village, un hameau, perdu au milieu de nulle part. Puis de nouveau la pampa, encore et encore… Ouahh, cette terre est impressionnante de vide, d’aridité et d’infini !
Au bout de cet espace, Puerto Madryn se dresse devant nous tel un mirage, ville coincée entre désert et mer.
Ici l’on vit de la baleine, des lions de mers et des manchots ; il suffit de lever les yeux pour remarquer ces immenses affiches qui fleurissent un peu partout dans la ville. La péninsule de Valdés n’est pas loin, refuge de milliers d’animaux, et Puerto Madryn en est le principal point d’accès.
Les baleines, on les a vues en Australie, et le souvenir que l’on a de cette sortie en mer est tellement magique que l’on a envie de le garder intact. De plus, ici, c’est la fin de la saison, ne reste plus que les baleines à la traine, celles qui sont fatiguées, qui vont rejoindre l’Antarctique d’ici quelques semaines.
Non, nous, si on est là, c’est pour voir les manchots. Parce qu’on les a jamais vu les manchots, et que tout près, à seulement 200 kilomètres de là (On n’a pas la même notion des distances en Argentine), se trouve la plus grande colonie de manchots de magellan du continent Américain : Punta Tombo.
Punta Tombo
Chaque année, 1 million de manchots se retrouvent sur ce petit bout de terre, car ils y trouvent un terrain de sable fin et compact qui leur permet de creuser facilement leur nid.
Papa manchot arrive en premier fin août, creuse de ses petites pattes le petit nid douillet qui accueillera sa petite famille, au même endroit que l’année précédente. La maison est prête pour la lourde maman manchot, qui se délestera de deux oeufs à couver pendant un petit mois. Papa et maman manchots se partagent le travail, quand l’un couve, l’autre part manger, et vice versa.
Pour ne pas trop déranger les manchots, un chemin d’un kilomètre et demi a été aménagé pour pouvoir visiter la colonie. Bien que nous n’ayons pas le droit d’en sortir, les pingouins eux ni prennent pas garde et l’empruntent, ou le traversent allègrement, sans se soucier de ces étranges êtres à deux pattes venus les observer.
Nous sommes début décembre, les petits bébés manchots viennent de naître, petits êtres fragiles les yeux tout collés qui se protègent sous maman ou papa manchot, et qui quand ils ne dorment pas crient qu’ils ont faim.
Pour le nourrir, les parents vont se relayer incessamment, et nous marchons au milieu de ses oiseaux qui se déhanchent, cahin cahan, et qui déambulent jusqu’à la mer, parfois à plus d’un kilomètre de là, Arrivés à l’eau, les voilà qui plongent et nagent et surfent la vague, virevoltent et disparaissent dans les eaux profondes.
C’est un va et vient incroyable de pingouins, ceux qui vont à la mer, ceux qui rentrent au foyer, ceux qui se câlinent aussi, et parfois l’un d’entre eux, curieux, s’arrête, et entame avec nous un dialogue avec les yeux pleins de questions. Puis, rassuré, il repart vers sa mission, cheminant entre les milliers de nids dans un décor de pampa, croisant parfois un mouton, ou un guanaco.
Pour nous, c’est une nouvelle expérience unique, une rencontre extraordinaire.
Y a pas que les manchots…
Il y a aussi les dauphins ! Et pas n’importe lesquelles, les dauphins de Commerson. Ces dauphins sont reconnaissables entre tous, tous petits, ils ont la tête, la queue et les nageoires noires et le reste du corps tout blanc !
On décide de partir à leur rencontre, et nous embarquons sur un gros zodiac, sûrement le plus gros du monde, prévu pour 60 personnes… Heureusement on n’est qu’une vingtaine, et à quelques centaines de mètre seulement du rivage, nous voyons apparaître un dos, une nageoire, puis des dizaines de dauphins qui entourent l’embarcation. Les dauphins de Commerson vivent en groupe, et ils aiment la compagnie, ils sont joueurs, passent et repassent sous le bateau, adorent lorsque ce dernier prend de la vitesse pour se faufiler sous la coque et lui faire la course.
Ils terminent par nous proposer un spectacle digne de Marineland, sautent comme des fous, cabriolent, vifs comme l’air.
On vous l’avoue : elles sont pas faciles à photographier ces bêtes-là !
En tout cas, les dauphins, c’est drôlement rigolo !
Rencontre laotienne
À Puerto Madryn, on ne rencontre pas que des animaux. En rentrant à notre auberge de jeunesse, on se retrouve nez à nez avec Vincent, un français que l’on a rencontré sur le bateau qui descendait le Mékong, au Laos, en mai dernier ! Entre temps, il est rentré en France, a travaillé 5 mois, et le voici de nouveau en vadrouille pour 2 mois.
Ce soir-là, argentins et français se retrouvent autour d’une bibine, la bière étant définitivement la boisson numéro un mondiale.
On part pour le sud
Une petite nuit de bus pour nous rendre à Rio Gallegos, où nous attend notre vol pour Ushuaïa, au bout du bout du monde.
Si vous avez manqué le début du tour du monde…