Après Calakmul, direction la côte nord du Yucatan pour une halte à Isla Aguada, un retour aux sources dans la ville de Campeche, et de jolies surprises au coeur des villages mexicains. .
Isla Aguada
Isla Aguada est une petite ville de pêcheurs, éloignée des grands centres touristiques, qui ne manque pas de charme.
En front de mer, le « malecón », une promenade bordée de quelques rares restaurants et de quelques vendeurs de souvenirs. On est bien loin de l’effervescence touristique de la côte caraïbes, à notre plus grand plaisir. Ici, nous apprécions la couleur du ciel qui se confond avec celle de la mer, et admirons les pélicans perchés sur les jetés, indifférents à notre présence.
Isla Aguada est traditionnellement un village de pêcheurs. Il faut dire que le lieu est propice : C’est ici que se jettent de nombreuses rivières, créant un écosystème unique d’eau salée et d’eau douce que l’on appelle « La laguna de Terminos ». À cet endroit, on y trouve nombre de crevettes, crustacés, poissons, tortues… Mais bien moins qu’autrefois… L’époque où la pêche suffisait à subvenir aux besoins des familles est révolue. En cause, la surpêche, la pollution, l’exploitation pétrolière au large. Alors les pêcheurs essaient de trouver des ressources complémentaires. Heureusement pour eux, un autre animal a élu domicile dans la lagune : le dauphin. Ils sont des centaines à barboter dans la baie, permettant une observation à 100% certaine. Il suffit d’aller sur le bateau, et d’attendre… Les ailerons des dauphins joueront très vite à se dévoiler entre les vagues !
A la rencontre des dauphins
Eduardo est pêcheur depuis toujours. La mer, il connait. Il se met à l’avant du bateau et observe les flots, indiquant à Juan, le capitaine du bateau, où se diriger.
« La lagune a la particularité d’être profonde à certains endroits, et pas du tout à d’autres. Regardez, nous dit-il en montrant un homme debout sur une langue de sable en plein milieu de la baie, il cherche des gros coquillages qu’on appelle des strombes géants. »
Un peu plus loin, les fonds sont plus profonds. Trois ou quatre autres bateaux sont eux aussi en quête du dauphin. En espagnol, on les appelle les « delfines nariz de botella », « dauphins à nez en bouteille », mais en français, on préfère les appeler « dauphins à gros nez », ou plus communément, et plus flatteur aussi, « grand dauphin ».
« De ce côté-ci, regardez ! » nous dit Eduardo.
En effet, trois ou quatre dos de dauphins se laissent voir, disparaissent, reviennent.
« Là-bas aussi ! » lance Léa.
Les filles sont ravies, ce sont leurs premiers dauphins en pleine nature. Partout, des petits groupes apparaissent, disparaissent, se laissent apercevoir, puis s’évanouissent dans les flots. Un joli spectacle.
Campeche nous voici !
Campeche ! Cette jolie ville coloniale du Yucatan a un parfum particulier pour moi. C’est là où il y a 22 ans déjà je faisais mes premières armes de guide touristique au cœur du monde maya. Une expérience unique, qui avait été possible grâce à une personne : Helena. Alors jeune archéologue, elle m’avait ouvert les portes de chez elle (voir l’extrait du livre « l’autre côté du bout du monde »). Nous lui avions de nouveau rendu visite avec Seb lors de notre tour du monde en 2008-2009 et de nouveau elle nous avait fait vivre une expérience incroyable : plonger au milieu des épaves. Aujourd’hui, nous partons encore une fois à sa rencontre, cette fois-ci à quatre.
Retrouvailles
Helena est aujourd’hui à la tête de la section d’archéologie sous-marine de l’INAH de Campeche, et est en charge de toutes les investigations ayant lieu dans le Yucatan en mer, dans les cénotes, dans les rivières. Elle est devenue également représentante du Yucatan à l’UNESCO, ce qui lui permet de voyager.
« Aurélie ! Quel plaisir de te revoir ! Figure-toi que j’étais justement à Paris il y a quelques semaines ! »
Helena n’a pas changé, toujours aussi accueillante. Elle nous a invité pour l’apéro dans sa jolie petite maison qu’elle vient de rénover au cœur de la vieille ville.
« Qu’est-ce que c’est charmant chez toi ! »
« Tu trouves ? Merci ! C’est tout petit mais on s’y sent bien. »
On essaie de rattraper le temps perdu, on se raconte nos parcours respectifs. Helena a été très occupée ces dernières années, surtout à cause du train maya à venir (voir article précédent).
« Il a fallu qu’on aille faire des recherches sur tous les cénotes qu’ils allaient boucher. Tu sais, le Yucatan est un véritable gruyère, des cénotes encore inconnus, il y en a partout ! Ça nous a permis de faire quelques belles découvertes, comme ce canoé maya, regarde », me dit-elle en me montrant un magazine.
Car Helena est une célébrité dans le monde de l’archéologie. Elle donne des interviews dans de nombreux médias, et raconte les nouvelles recherches et découvertes. Et dans cette partie du monde, il y a de quoi faire ! Entre les vestiges mayas, les épaves des conquistadors et les ossements des animaux de la préhistoire, l’archéologie a de beaux jours devant elle.
« Vous êtes allés au musée San Jose ? »
« Non, pas encore. »
« Ah, et bien je vais vous organiser une petite visite. Demain à 10h00, ça vous va ? »
Génial. On est heureux d’avoir pu revoir Helena, même si cela n’a été que de courte durée. Demain, elle repart sur Merida. Une autre grotte à fouiller…
Musée d’archéologie sous-marine de San Jose
Campeche regorge de petits musées extrêmement riches. Lors de mon stage à Campeche il y a 22 ans, j’ai eu l’occasion de travailler dans le musée d’archéologie maya, établi dans le fort de San Miguel. Un vrai petit bijou où sont exposés de nombreux objets de la civilisation maya retrouvés dans l’état de Campeche, sur les sites de Calakmul ou de Jaina par exemple.
Et puis, il y avait aussi le fort de San Miguel où étaient présenté les armes de l’époque des conquistadors… Et pour tout dire, ce musée-là n’attirait pas vraiment les foules…
Il y a 6 ans, Helena a eu l’idée de reconvertir ce musée en musée d’archéologie sous-marine, et ainsi de présenter les découvertes faites lors de ses fouilles. Un véritable challenge couronné de succès puisqu’aujourd’hui ce musée existe.
Visite du musée
Il est 10h00, nous sommes devant le fort. Un jeune homme d’une trentaine d’année arrive.
« Bonjour, vous êtes les amis d’Helena ? Je suis Carlos, son assistant. Elle m’a demandé de vous faire la visite du musée. »
Génial, on se sent de véritables invités VIP.
Carlos nous invite dans la première salle : « Cette salle est dédiée à la compréhension de ce qu’est l’archéologie sous-marine. Elle est le résultat d’un travail qui allie de nombreuses compétences. Par exemple, la découverte d’épaves se fait souvent grâce à des habitants locaux, des pêcheurs qui connaissent bien leur environnement et qui nous font part de leurs découvertes. Puis vient la fouille par les archéologues et les plongeurs. Enfin les historiens, les scientifiques travaillent sur les objets mis à jour. C’est un véritable travail d’équipe. »
Arrive alors un autre jeune homme un peu essoufflé.
« Je vous présente Abiut, le directeur du musée », nous dit Carlos.
« Bonjour ! nous dit-il. Vous êtes les amis d’Helena ? Elle m’a demandée de vous faire la visite du musée. Tu as déjà parlé de cette salle ? Attendez, venez, on va commencer la visite de l’extérieur »… Et voilà Abiut qui nous raconte l’histoire du fort San Miguel. On se sent gâtés : deux guides rien que pour nous ! Helena n’a pas fait les choses à moitié…
Sur la route vers Cuzama
« Sur la route pour aller à Cuzama, j’ai vu qu’il y avait un endroit magnifique avec un lac d’eau cristalline, regarde la photo ! »
En effet, l’image parle de soi. Quelle beauté cela doit être ! Et puis le slogan du lieu ne s’y trompe pas : le paradis secret.
Allons faire une halte à Ich Ha Lol Xaan !
Nous passons sous les infrastructures du train maya en construction et arrivons sur le parking. Il n’y a que nous, tant mieux !
Derrière un bureau, un homme nous sourit.
« C’est 100 pesos ». Evidemment, rien n’est gratuit au Mexique. Pas de réduction pour les enfants, il n’y en a jamais.
« Il y a beaucoup de moustiques ici ? » lui dis-je en chassant quelques énergumènes qui me tournent autour.
« Oui, il y en a quelques-uns. »
Nous suivons le chemin d’un site qui parait abandonné depuis quelques temps déjà. Rien n’est entretenu, des objets trainent ça et là.
Mais à quelques mètres de là se trouve le bassin d’eau cristalline. La couleur est superbe sous le couvert des arbres, il fait chaud et on a vraiment envie de se baigner.
« On se déshabille ? »
« Oui, mais vite, il y a des moustiques »… Des moustiques… Voyant nos corps se dénuder, ces derniers appellent tous leurs copains de la forêt en leur disant que le déjeuner est prêt. On se dépêche pour enlever les chaussures, le t-shirt, et sauter dans l’eau, gelée. Elle fait moins 3 degrés.
« Dépêchez-vous les filles »
« Je n’y arrive pas maman, il y a trop de moustiques »
Même dans l’eau, ils parviennent à nous piquer…
« C’est horrible maman ! »
Oui, c’est horrible… On décide de s’échapper, de se rhabiller le plus vite possible et de s’enfuir suivis par une armée de bestioles qui a décidé de ne pas nous lâcher. On se réfugie dans l’auto, on ferme les portes, on éclate contre les vitres les individus qui sont parvenus à s’infiltrer dans l’habitacle.
Le paradis secret était en réalité un enfer déguisé. On l’oublie souvent, les apparences peuvent être trompeuses. Les belles images d’instagram que l’on envie et qui peuvent faire paraitre notre vie si fade en comparaison ne sont parfois qu’illusion. Il y a toujours deux faces à une carte !
En tout cas, nous ramenons un paquet de souvenirs de notre aventure… Un dos et des jambes constellés de boutons qui grattent !
Cénotes, cénotes, cénotes…
Lors de notre tour du monde 2008-2009, on avait découvert nos premiers cénotes à Cuzama, un petit village à proximité de Merida. Une expérience unique qu’on avait envie de partager avec les filles. Car la particularité de ce site, c’est que pour découvrir les cénotes, il faut prendre une carriole qui roule sur les rails tirée par un cheval !
Autrefois utilisé par les paysans du coin pour transporter leurs récoltes, le chemin de fer est aujourd’hui exclusivement touristique.
Il est 8h00 du matin lorsque nous arrivons sur le site. Il vient à peine d’ouvrir, seul un homme est là, s’activant à mettre en place un panneau en bord de route.
« On peut aller aux cénotes ? »
« Oui, bien sûr, venez ! »
Il va chercher son cheval, l’accroche à une carriole, et c’est parti ! Avantage d’être arrivés tôt, nous sommes les premiers, et les seuls.
Rien n’a changé depuis 15 ans, les mêmes carrioles, les mêmes cénotes… Et pourtant rien n’est jamais pareil, aujourd’hui, ce sont des dizaines de taons qui nous accompagnent dans notre moyen de locomotion. Des tas de taons qui ont envie de se poser sur nos épaules, nos bras, nos jambes. On s’enroule de paréos et Seb chasse le taon à l’aide d’une serviette.
« On n’était pas là à la même époque la dernière fois ? »
Non, en effet, c’est le mois de mars, la fin de la saison sèche. Là, on est en pleine saison humide…
La carriole s’arrête devant l’entrée du premier cénote. De l’entrée, on ne voit rien. Une échelle de bois permet de descendre dans les profondeurs. La magie du lieu agit instantanément. L’eau turquoise repose au fond de la grotte, invitant à la baignade. Moment unique où l’on apprécie d’être seuls pour explorer chaque recoin. L’eau est douce, la température parfaite, l’expérience incroyable.
Au bout d’un moment, nous repartons vers les cénotes suivants à l’aide de notre cheval et accompagnés de nos amis les taons. Et comme à chaque fois, nous sommes surpris de la diversité des cénotes. Chacun d’entre eux à son charme particulier, sa physionomie. Chacun d’entre eux est unique. On ne s’en lasse pas.
Homun
Pour nous rendre aux cénotes de Cuzama, on a décidé de dormir dans un village à proximité, le village d’Homun. Le soir, nous partons sur la place principale à la recherche de quelques subsistances, et trouvons notre bonheur chez un marchand ambulant de tacos. Tellement bon que les filles en redemandent encore et encore. Ce soir, sur la place, il y a match de baseball féminin, et tous les villageois se sont rassemblés pour suivre le jeu. Nous nous joignons à eux, et tentons de comprendre les règles d’un sport qui ne nous est pas familier, à moi et aux filles. Parfois, une averse nous oblige à nous réfugier sous un préau où nous nous entassons au milieu d’autres familles mexicaines. Ce soir, on partage un moment de la vie ordinaire d’un petit village perdu au Mexique. C’est ça aussi, et surtout, le voyage. Des petits moments de vie insignifiants et qui pourtant en font toute la saveur.
Valladolid
Dernière étape de notre voyage, nous nous arrêtons dans la petite ville de Valladolid. Quel charme ! Une petite ville mexicaine comme on les aime, ni trop grande, ni trop petite, des ruelles aux maisons traditionnelles, des curiosités, comme ce cénote en plein milieu de la ville. Evidemment, on ne manquera pas de l’explorer, c’est pas tous les jours qu’un gros trou plein d’eau se trouve au beau milieu du centre-ville…
Et puis il y a cet hôtel où nous dormons et qui nous enchante. On y dort bien, on y mange très bien, et on y rencontre des voyageurs. Léa s’est trouvée une copine française, une petite Melody, et elles sont devenues inséparables. Nous, on tchatche avec les parents, on se raconte nos voyages respectifs. On s’aperçoit que notre vol de départ est le même jour, eux pour la France, nous pour notre prochaine destination. Il nous reste quelques jours avant le départ.
« Vous retournez à Cancun après Valladolid ? nous demande-t-il.
« Non, on va passer quelques jours à Puerto Morelos, on y est allé en arrivant et on a beaucoup aimé, rien à voir avec Cancun et ses hauts buildings…). On a trouvé une auberge qui a l’air sympa, tiens, je t’envoie le lien, si ça vous dit d’y aller ! »
« Pourquoi pas ? On verra… »
Nous repartons donc en direction de Puerto Morelos. Léa est très triste de quitter son amie. On s’échange les mails, les téléphones, vous pourrez rester en contact les filles !
Puerto Morelos le retour
Quel plaisir de retrouver Puerto Morelos ! Et cette fois-ci on a changé de crèche, et on se retrouve dans un bungalow avec vue mer !
Fort de notre expérience d’il y a maintenant 3 semaines, nous partons nager tous les jours de l’autre côté des sargasses, là où se trouvent nos amis poissons multicolores. Au cours de nos explorations, nous découvrons même un cénote au fond de l’eau, l’eau douce troublant avec régularité notre vision et amenant une fraicheur bienvenue. Chaque jour, la mer nous apporte son lot de surprises, parfois les poissons se font timides, parfois ils sont si nombreux qu’on ne sait où donner de la tête.
Rien n’est jamais pareil, tout est toujours différent.
Et puis Léa en sortant de son bungalow a le plaisir de découvrir nos nouveaux voisins ! Melody et ses parents sont là ! Les fillettes sont tellement heureuses de se retrouver. L’occasion aussi pour nous les parents de profiter d’apéros sur la plage au coucher du soleil.
Bientôt, nous reprenons l’avion à Cancun pour notre prochaine destination. On a décidé de retourner en Colombie !
Lisez la suite de notre voyage en famille 2023 : Vivre en Colombie, trouver une maison
récit toujours aussi passionnant, attendons la suite avec impatience….
Magnifiques ces rencontres et ces explorations ! Est-ce que les filles aussi souhaitaient retourner en Colombie ?
Oui, c’est très enrichissant ! Les filles apprécient également la Colombie. Mais en vérité, elles suivent surtout les parents !!!