Quatre petites heures de bus à partir de La Paz, et nous voici à Copacabana, au bord du lac Titicaca….
Le lac des pumas de pierre
Le Lac Titicaca, le plus haut lac navigable du monde, à une altitude de 3800 mètres, est aussi le berceau des légendes incas.
A l’origine de son nom étrange et identifiable entre tous, qui fait rire dans les cours de récré et que les élèves mémorisent facilement, une histoire d’hommes et de dieux.
Il y a longtemps, il n’y avait pas de lac, mais une vallée fertile où les hommes vivaient en paix, veillés par les Dieux des montagnes, les Apus. Les hommes n’avaient qu’une interdiction, ne jamais monter au sommet des montagnes, où se trouvait le feu sacré. Mais la tentation est forte, et les hommes, poussés par la curiosité et le malin, dérogent à l’interdiction. Les Dieux, pris de colère, décident d’envoyer des milliers de pumas pour dévorer le peuple désobéissant. Voyant cela, Inti, le Dieu du soleil, est pris d’une telle tristesse qu’il se met à pleurer durant 40 jours et ses larmes inondent la vallée. Seuls un homme et une femme réfugiés dans une barque de totora, roseau rigide andin, échappent à la catastrophe. Quand le soleil brille de nouveau, les deux survivants découvrent qu’ils se trouvent au milieu d’un lac où flottent des milliers de cadavres de pumas transformés en pierre, d’où le nom de Titicaca : Titi : le puma, et Kjarka : pierre : Le lac des pumas de pierre.
Copacabana la paisible
Sur les rives du lac, la ville de Copacabana accueille les visiteurs du monde entier. Le long du lac, des petites échoppes proposent des truites grillées, poêlées, frites, à l’ail ou au citron, au plus grand bonheur de nos papilles. Une rue bordée de restaurants, bars et autres magasins de souvenirs grimpe vers le centre de la ville, là où l’on trouve la place et l’église. C’est ici que le matin, et en particulier le week end, les gens du coin se retrouvent pour faire bénir leurs voitures. Une tradition que l’on a déjà découverte il y a 15 ans, unique !
Copacabana a tout pour plaire. Le charme bolivien, la taille parfaite, la beauté de son paysage. Au bord du lac, les bateaux attendent sagement les clients qui voudraient s’aventurer sur l’île du soleil.
L’île du soleil
La petite île se trouve à deux heures de navigation. Forts de notre expérience d’il y a quinze ans, nous décidons de nous rendre sur la partie nord de l’île et de marcher jusqu’au sud. On avait adoré cette île et cette fois-ci on décide de prolonger le plaisir en y dormant.
Fernanda et Pablo sont nos hôtes. Ils ont ouvert une auberge avec quelques chambres en bord de lac. L’endroit est béni des Dieux. La lumière de l’après-midi teinte la rue de pierres d’une douce teinte orangée, les enfants jouent au ballon alors que les bergers rentrent des champs accompagnés de leurs moutons. Pas de véhicules sur l’île. Seuls moyens de transport : les pieds ou le bateau.
De l’autre côté de la rue la plage immense incite à la contemplation. Un adolescent jette un filet de pêche à l’eau, une famille de cochons fouillent le sable, des poules errent et caquettent. Avec les filles, on s’essaie au frisbee à 3800 mètres… Pas facile pour le souffle ! Le lieu est enchanteur et on aurait envie d’y rester… Mais à cette altitude les nuits sont froides, très froides et le chauffage en Bolivie inexistant. Depuis qu’on se trouve dans le pays on dort régulièrement avec nos grosses chaussettes et notre bonnet. Ce dernier est d’ailleurs devenu notre meilleur ami, on ne le quitte plus !
Traversée de l’île
Sur la crête au centre de l’île, la route sacrée mène du nord au sud. De bon matin, nous grimpons un sentier de lacets qui nous permet de la rejoindre. D’ici, la vue est incroyable. D’un côté ou de l’autre, on aperçoit en contrebas de petites criques où se réfugient parfois les bateaux, et où le bleu du ciel se confond avec celui du lac. Au sommet d’une colline, nous rencontrons Jaime, un berger au grand sourire.
« Pas facile de monter jusqu’ici ! » me dit-il en me voyant arriver essoufflée.
On a beau vivre en altitude depuis plusieurs semaines, notre souffle est toujours court et les montées, même réduites, restent un challenge.
« Oui, en effet ! Mais toi ça va tu as l’habitude !
– Oh mais moi aussi je ressens les effets de l’altitude, même si je vis ici ! Surtout quand j’ai fait la fête et bu un peu plus que de raison, comme hier soir…
– Tu habites près d’ici ?
– Oui, dans le village en contrebas. Je suis un challa.
– Un challa ?
– Oui, sur l’île il y a trois communautés. Les Yumanis qui vivent au sud, les Challas au centre, et les Challapampas au nord. Les Yumanis et les Challapampas vivent là où viennent tous les touristes, et nous les Challas, au milieu, personne ne vient nous voir…
– C’est un problème le tourisme ?
– Oui et non. Non, parce que le tourisme amène de l’argent et une vie meilleure sur l’île. Oui, parce que les rentrées d’argent sont inégalitaires. Il y a ceux qui en profitent, et puis les autres qui n’en bénéficient pas du tout. D’ailleurs, il n’y a pas longtemps, cela a créé un conflit au sein de nos communautés.
– Ah bon ? Comment ça ?
– Et bien en 2017, nous les challas avons voulu construire un hôtel. Nous aussi on a bien le droit d’avoir une partie des gains du tourisme ! Mais comme on n’avait pas demandé d’autorisation, et que l’hôtel se trouvait près d’un site sacré inca, cela n’a pas plus aux Challapampas. Ces derniers ont détruit notre hôtel ! Evidemment, ça nous a mis en colère… On a donc décidé de bloquer l’accès à la partie nord en instaurant une frontière. On se relayait pour la garder 24h sur 24 et pendant deux ans, il n’a plus été possible de visiter la partie nord de l’île.
– Deux ans !
– Oui, les touristes ne pouvaient aller qu’au Sud, chez les Yumanis, qui eux sont restés neutres.
– Et aujourd’hui, cela va mieux entre vos communautés ?
– Oui, tout est redevenu normal… L’accès aux différentes parties de l’île est de nouveau ouvert. Même si les tensions existent toujours…
Le Sud de l’île
La guerre entre les Challas et les Challapampas aura en tout cas bénéficié à la dernière communauté : celle des Yumanis. Déjà il y a 15 ans, la partie sud était la partie la plus développée touristiquement. Aujourd’hui, le nombre d’hôtels a littéralement explosé ! Pourtant, l’endroit est le moins propice à ce développement. Le site est extrêmement escarpé, et lorsqu’on débarque en bateau dans la baie, il faut grimper des centaines de marches pour arriver jusqu’à son hébergement. Nous, nous arrivons de la crête, et nous n’avons plus qu’à descendre jusqu’au quai. Nous croisons des voyageurs de lourds sacs sur le dos essayant vainement de capter l’air pauvre en oxygène andin, chaque pas devenu épreuve et conquête, et clairement, on ne les envie pas. Un seul conseil, si vous vous rendez sur l’île du soleil, commencez par le nord !
Il est temps pour nous de quitter l’île et de retourner à Copacabana.
Le bonheur à Copacabana
Une douche chaude. Un lit douillet. Un feu de bois. Dormir au chaud et sans chaussettes. Ce qu’il y a de bon dans le voyage c’est le retour à l’essentiel. Se rendre compte des petites choses de tous les jours qui rendent la vie si confortable.
Et cerise sur le gâteau : se réveiller avec la plus belle vue qu’il puisse y avoir. Faire l’école avec en toile de fond le lac Titicaca. Et pour ajouter encore à notre bonheur, être dans une chambre spacieuse, belle, originale. Il y a même un hamac ! Deux jours dans le plus bel hôtel qui soit en Bolivie et probablement le plus beau qu’on fera durant notre voyage. Un peu plus cher que notre budget habituel mais à la portée de notre bourse ! Une fois n’est pas coutume, une seule chose à dire… Si vous passez par Copacabana, dormez à « Las Olas » !
Si vous avez raté notre précédente étape : La Paz
Et puis aussi : Super Meuh sur l’île du soleil et le journal de Léa au lac titicaca
Pour découvrir tous les récits de notre voyage, c’est par ici
Lisez la suite de notre voyage en famille 2023 : Cuzco et le Machu Picchu
Que dire d’autre que MAGNIFIQUE.
Continuez à nous faire rêver 😊😋
Magnifiques endroits !!! Je vous envie !!!!
J adore. Très beaux commentaires comme tu sais les faire. Beaucoup de choses que bous avons appris sur cette région. Bonne continuation. Et Marci en ore pour tous ces détails. Gros bisous
Superbe ! Merci. Bisous
C’est toujours un plaisir de te lire. Merci de nous faire partager votre voyage. 😍😍
ET nous européens on continue de rêver en vous suivant
avec délice….bravo et encore encore!!!
Passionnant ce récit. Merci; On a l’impression de voyager avec vous. Bonne suite de découvertes.
Toujours aussi captivant votre voyage, un grand MERCI pour ce récit qui nous fait voyager à travers vous !
Bien joué les Bonté, ça donne trop envie! Faites nous encore rêver, ça fait vraiment du bien 😍
Tout cela est merveilleux.
J’aurais voulu voir les iles et bateaux en roseaux sur le titicaca ? Pourquoi pas ces photos. Bisous à toute la famille
récit toujours aussi captivant et qui donne envie d’aller visiter ces lieux merveilleux.
Bonne continuation dans vos pérégrinations,
Claudine LADEL
Commentaires passionnants
Ping : Cuzco et le Machu Picchu by Aurélie - Aurélie Frastel
quel voyage extraordinaire vous faites tous les recits nous nous evadons dans des paysages magnifiques