La vallée sacrée ne se lasse pas de nous dévoiler de nouvelles merveilles. Elle nous divulgue un peu plus chaque jour quelques-uns de ses secrets. Et des secrets, elle en a à revendre ! Hormis les gros sites archéologiques « classiques », quelques 260 autres ruines incas se dispersent dans la montagne environnante.

Ollantaytambo

Ollantaytambo, ce village au nom si difficile à prononcer, se situe au croisement de deux vallées. C’est la porte d’accès au Machu Picchu, c’est ici que la route s’arrête et laisse la place aux rails qui se fraient un chemin le long de la rivière Vilcanota et rejoint Aguas Calientes.

Le village en lui-même ne manque pas de charme. Construit sur les ruines d’une cité inca, il en a gardé le tracé. Les espagnols se sont servis des murs déjà présents, et les façades sont une juxtaposition d’appareil inca aux grosses pierres assemblées sans mortiers et d’appareil plus simple de pierres jointes par un mélange de terre et de paille. Ça et là, en arpentant les étroites rues pavées, on aperçoit une jolie porte inca en V inversé, une charmante cour ombragée, c’est un fait, Ollantaytambo respire la sérénité ! On adore ce village, on s’y sent bien…

Alors on y reste un peu.

ollantaytambo

L’héritage inca

Le village, coincé entre deux pans de vallée, est dominé à droite et à gauche par des ruines incas. Le plus important, c’est le centre cérémonial qui s’agrippe à la colline et auquel on accède par des centaines de marches, au grand plaisir de nos petites fesses qui ne cessent de monter ! De là, une vue magnifique sur la vallée, et sur la bourgade. Les incas construisaient en grand, tout était minutieusement pensé, rien n’était laissé au hasard. Tout d’abord, la forme de leur construction était inspirée de symboles, comme ce centre cérémonial qui a la forme d’un lama, ou le village en lui-même qui ressemble à un épi de maïs. Et puis son orientation aussi était finement étudié, le lever du soleil du solstice d’hiver et d’été éclairant précisément un point stratégique des sites, tel un hommage des hommes au dieu soleil.

ollantaytambo


Sur l’autre versant, d’autres constructions s’accrochent à la montagne, des greniers à grains, des observatoires… Et cette énorme tête de Viracocha, le dieu suprême inca, à l’aspect d’un vieil homme portant la barbe, directement taillé dans la roche de la falaise. Viracocha, c’est celui qui a commandé au soleil de se lever derrière l’île du même nom sur le lac Titicaca, éclairant les ténèbres. C’est lui aussi qui a créé la lune, les étoiles, l’arc en ciel… Ces derniers, devenus divinités, sont des représentations de Viracocha, des espèces d’intermédiaires. Ainsi, contrairement aux idées reçues on se rend compte que la religion inca était bel et bien monothéiste.

ollantaytambo


La région est belle, on se décide pour une balade dans la vallée… Mais au grand plaisir de nos arrières trains nous la remontons en taxi ! 10 kilomètres plus loin, au sommet d’une colline, nous explorons les ruines d’un autre site, celui de Pumamarca, ancienne forteresse oubliée de tous, même des touristes. Nous cheminons (en descente, youpi !) au milieu des champs de maïs, rencontrons quelques personnes des villages alentours aux costumes hautement colorés. Le fuchsia et le jaune se mêlent sur les ponchos et chapeaux des hommes.

La vallée sacrée, c’est pas que Ollantay, alors on décolle pour d’autres contrées.

Chinchero

vallée sacrée

Tout là-haut sur un plateau qui mène à Cuzco, au milieu d’un véritable patchwork de champs multicolores et sur fond de hauts sommets enneigés, se trouve le petit village de Chinchero. Le bus nous dépose sur la route principale boueuse et sans charme, et franchement, c’est pas très joli. Cette piteuse façade cache en réalité de jolies petites rues de pierres, et un peu plus loin un autre site inca… Ben ouais, il y en a partout ici !

chinchero

De petites filles gardiennes d’ânes, toutes crasseuses, pas plus âgées que 7 ou 8 ans, s’improvisent guides des ruines. Nous suivons l’une d’entre elle et escaladons des rochers, nous courbons à la recherche d’un éventuel caillou à la forme d’un condor, nous nous essayons au trône de l’inca… Un étroit escalier taillé dans une énorme roche nous mène… Nulle part, paraît qu’il y avait une porte, avant… Bref, on n’a rien compris à la visite, mais les petites nous ont bien fait trotter !!

Moray et les salines

Moray, c’est, devinez quoi… Un site Inca ! Oui, mais celui-ci n’a rien d’ordinaire, si toutefois site ordinaire il y a. Moray, c’est le laboratoire agronomique des incas, leur INRA en quelque sorte. Le site consiste en une succession de terrasses en cercles concentriques creusées sur un dénivelé de 50 mètres, ce qui permet d’obtenir une différence de température de 5 degrés entre le haut et le bas de l’amphithéâtre, alors qu’ailleurs à la même altitude la différence n’est que de 0,5 degrés. Les incas se servaient des microclimats ainsi obtenus pour acclimater des plantes des basses terre à l’altitude. Malins qu’ils sont ces incas !

moray

On prend plaisir à descendre tout en bas de cette construction, au centre même, là où il fait le plus chaud, puis on remonte péniblement les hautes marches en cherchant notre souffle. C’est qu’en plus d’être malins, ils étaient bien agiles ces incas !

Les salines de Maras

À quelques kilomètres de Moray se trouvent les salines de Maras, exploitées depuis des lustres, bien avant les incas. Et quel spectacle ! Des milliers de bassins construits dans la roche accueillent la bienheureuse eau salée qui se charge de sa substance au tréfonds de la montagne. Elle attend avidement l’heure où le dieu soleil chassera les nuages et portera toute son attention à son évaporation. Pour l’heure, c’est la saison des pluies, le sel a beaucoup de mal à émerger à la surface ; les bassins ont revêtu leurs habits d’été en attendant la saison sèche, du rouge, de l’orangé, du vert, et s’étagent en cascade jusqu’au fond de la vallée.

salinas de maras

Nous suivons la source qui se déverse dans les réceptacles, et passons de bassin en bassin toujours plus émerveillés par ce tableau surréaliste. Tout simplement magnifique.

Retour à Cuzco

Après avoir passé presque deux semaines de quiétude dans la vallée, nous retrouvons Cuzco et son ultratourisme ! Ici, nous avons rendez-vous avec un couple anglo-hispanique, Julia et Nicolas, que nous avions rencontré quelques mois auparavant en Nouvelle Zélande. La rencontre fut brève, dans la cuisine d’un camping nous avons échangé quelques mots, avons appris qu’ils faisaient un tour du monde comme nous, pour leur voyage de noce comme nous, et que leur itinéraire était sensiblement le même… Échange de mails, ça serait sympa de se croiser en Amérique du Sud, et 5 mois plus tard, on se retrouve à Cuzco au même moment ! Nous leur avons donné rendez-vous devant l’église de San Blas, un quartier toujours très calme, au moins on n’aura pas de mal à les reconnaître…

Oui mais voilà, aujourd’hui c’est la fiesta de los compadres, la fête des compères, et elle a lieu… Sur le parvis de l’église ! Des dizaines de musiciens, des cageots de bières qui débordent, des spectateurs par centaines, et… des gens bourrés qui dansent… Comment qu’on va faire pour les retrouver ? Après plusieurs mois de vadrouille, leurs visages se sont brouillés dans nos mémoires… Heureusement, Seb est grand, et c’est eux qui nous repèrent… On passe une excellente soirée à se raconter nos voyages, nos moments forts, nos projets futurs, et nous finissons sur la terrasse de notre hôtel qui surplombe la place aux danseurs de plus en plus nombreux et de plus en plus bourrés…

Notre périple en Amérique du Sud touche bientôt à sa fin, nous prenons la route vers le Chili, et Santiago.

Si vous avez manqué le début du tour du monde

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