Les lavandes des hauts plateaux varois sont fraîchement coupés, les abeilles ont bien butiné, il est temps d’extraire le miel. Découverte d’un métier de passion avec Anna et Sébastien Celse..
Aujourd’hui, Anna m’emmène découvrir la vie d’une apicultrice. « Notre travail est très diversifié, tous les jours nous avons des activités différentes. L’extraction du miel, la mise en pot, l’étiquetage, la livraison, on ne chôme pas ! »
Anna a suivi Sébastien dans son aventure apicole. Lui a été bercé dans le miel depuis sa plus tendre enfance. « J’ai grandi dans un hameau sur les hauteurs de Vidauban, le hameau des Bas-Oliviers. Mes parents étaient apiculteurs et m’ont initié à la vie des abeilles, et à ce magnifique métier. » Sébastien est un passionné. Il connaît la butineuse par cœur.
Anna, elle, s’y est initiée tout doucement. « Sébastien m’a appris les techniques, la façon de travailler. J’ai tout de suite adoré cet environnement. »
Aujourd’hui, c’est elle qui va me faire découvrir ce merveilleux métier.
L’extraction du miel
Nous nous trouvons dans la miellerie.
« Nous allons désoperculer », me dit Anna.
Ah. Et c’est quoi ?
« Je vais te montrer ». Après avoir revêtu un tablier et être passée au lavage des mains, Anna me met dans les mains un couteau effilé. « Tu as deux côtés sur le couteau. Celui-là, c’est le plus aiguisé. Tu vas t’en servir pour désoperculer le cadre. Regarde, me dit-elle en me tendant un cadre dont les rayons de cire sont gorgés de miel, tu vois les alvéoles, elles sont bouchées avec de la cire. Les abeilles les ferment lorsque le taux d’humidité est trop faible pour permettre la bonne conservation de leur précieux liquide. Afin de pouvoir extraire le miel à l’aide de la centrifugeuse, il faut que l’on enlève cette protection. »
Anna prend le couteau d’un air assuré et racle la cire. « Tiens ton couteau à la verticale, bien près du bord. Voilà, comme ça. ».
La cire coupée et gorgée de miel tombe dans un grand bac en inox en dessous. « Qu’est-ce que vous faites de tout ça ? ». « Dans l’industrie du miel, rien ne se perd ! On la récupère et on la met dans ce petit extracteur, là. Le miel qui reste est séparé de la cire. Cette dernière sera transformée en feuille que l’on pourra réutiliser. »
Je m’applique à désoperculer. Sébastien, en face de moi, regarde mes gestes mal assurés. « Essaie de racler plus près du bord, me dit-il. Regarde, comme ça. » Evidemment, quand on le voit faire, tout à l’air si simple. Il désopercule cadre sur cadre alors que je me bats toujours avec le premier. Mes mains collent et mon couteau glisse. On ne s’improvise pas désoperculateur comme ça !
Derrière nous le miel coule dans le réservoir. « Cette année la récolte du miel de lavande est mauvaise, il a fait trop chaud et trop sec, me dit Anna. On en est pour l’instant à 500 kilos. Il y a deux ans, on avait fait plus de 10 tonnes ! » La récolte varie avec les saisons, avec le temps, avec les fleurs. Chaque année est différente. « Nous stockons le miel dans notre chambre froide. En miel de lavande, nous pouvons fournir nos clients sur deux ans. Pour le reste, en général, tout est vendu dans l’année, me confie Sébastien ».
Miel de lavande ou miel de toutes fleurs ?
Anna scrute un cadre à l’aide d’une lampe de poche. « Regarde, Sébastien, celui-là, je ne le mettrai pas plutôt en Provence ? » « Oui, tu as raison répond-t-il. Et se tournant vers moi : Lorsque l’on voit que le miel est plus foncé par endroit, cela veut dire qu’il a été fabriqué à base d’autres fleurs que la lavande. On le réserve alors pour faire du miel de Provence, un miel de toutes fleurs ».
Le miel coule sur mes doigts. Je suis toute sucrée. Un vrai bonbon. Entre deux cadres, je rince mes mains à l’eau claire.
« Si tes abeilles se trouvaient dans la nature, elles feraient autant de miel ? » je demande à Sébastien. « Dans la nature, non, elles ne fabriqueraient pas autant de miel car elles seraient trop occupées à survivre. Moi je les nourris quand elles n’ont pas à manger, je les emmène dans des endroits où elles trouvent des fleurs à profusion. » « Finalement, tu leur offres le gîte et le couvert, et elles travaillent pour toi ?! » « Oui, c’est un peu ça », me répond-il en souriant.
Les cadres désoperculés sont ensuite installées dans un extracteur, une sorte de centrifugeuse géante qui éjecte chaque goutte dorée. Le liquide épais est alors filtré et pompé jusqu’à un grand réservoir. « On stocke le miel dans notre chambre froide. On va par la suite le brasser afin d’en faire un miel crémeux qui garde toute son onctuosité. » « Pourquoi ne le gardez-vous pas liquide ? » « Tout simplement parce que le miel se cristallise au bout de 3 à 4 semaines naturellement. Il durcit, c’est inévitable. ». Mais alors, et les miels liquides que l’on trouve en magasin ? « Ce sont des miels que l’on a chauffés. Ils gardent alors leur fluidité mais perdent toutes leurs propriétés et leurs bienfaits. »
Et le miel regorge de qualités : il est entre autres antibactérien, anti-flammatoire, antioxydant.
Les cadres s’enchaînent, mes mouvements sont plus fluides, je deviens une pro du désoperculage… à petite vitesse. « Demain, je retourne chercher des hausses, me dit Sébastien. Après la lavande, la saison de la récolte sera terminée. » Mais pas le travail… Il faudra s’occuper des abeilles, stocker les hausses, faire la mise en pot… Quand on est apiculteur, on ne s’arrête jamais !
Anna et Sébastien Celse viennent d’inaugurer leur nouvelle miellerie à Lorgues le 16 juillet 2022 et l’ont appelé « Le Rucher de l’Encantadou« . Un nom enchanteur plein de promesses !