En Bolivie, rares sont les routes. Une piste qui tourne qui tourne nous mène d’Uyuni à Potosi, et on est bien content lorsqu’on arrive ! 


Potosi, siégeant à 4000 mètres d’altitude, est la ville de plus de 100 000 habitants la plus haute du monde. Elle affirme sa richesse d’antan et offre au regard du passant ses églises aux portails exubérants et ses grandes maisons coloniales. Nous grimpons ses jolies petites rues toute en hauteur, Potosi se mérite ! Dur dur de respirer ! Des centaines de vieux microbus made in China sillonnent la ville et crachent sur leur passage leur fumée dense et noire. Altitude et pollution ne font pas bon ménage pour les poumons ! 

Marchés boliviens

C’est ici que l’on découvre les marchés boliviens. On y trouve de tout, du shampooing au tissu traditionnel, en passant par les fruits aux milles couleurs et les étals de viande peu ragoutants… Au premier étage des dizaines d’échoppes qui proposent le petit déjeuner et le goûter, et puis le Comedor, la cantine si l’on veut, où l’on nous sert des assiettes bien remplies pour 50 centimes d´euros. Le marché bolivien, on adore !

Le Mont Riche

Potosi est dominée par le Cerro Rico, le Mont riche, magnifique montagne rouge feu, qui ne porte pas son nom en vain. C’est ici que se trouvent les fameuses mines d’argent, celles qui ont rendus si (tristement) célèbre la ville.
Il n’a pas fallu longtemps aux espagnols, avides de nouvelles fortunes, pour découvrir la fabuleuse richesse que possédait en son sein la montagne : de l’argent à en revendre ! Entre le 16ème siècle et le 18ème siècle ils vont en extraire plus de 45 000 tonnes d’argent pur… Mais à quel prix !

Les amérindiens sont exploités, les travaux forcés instaurés, ils se doivent de travailler durant 3 mois non-stop dans la mine pour les colons, sans sortir, à respirer cet air de minerai qui envahit les poumons et provoque tant de maladies. De l’argent, il en faut toujours plus, et les amérindiens, si nombreux à mourir dans les mines, ne sont toutefois pas suffisamment nombreux pour assurer tout le travail. Alors on ramène des esclaves noirs, à leur tour victimes de cette fièvre blanche à la fortune. 

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On raconte qu’avec tout ce que l’on a extrait du Cerro Rico on pourrait construire un pont d’argent entre Potosi et l’Espagne, et pour rentrer en Amérique on pourrait construire un autre pont avec tous les os des hommes morts dans les mines…

Aujourd’hui encore on extrait de l’argent de la montagne, un travail de forçat car la colline s’est vidée de sa substance et il n’en reste plus que des miettes… La vie des mineurs est dure, très dure, au nombre de 15 000 l’année dernière, ils ne sont plus que 4000 aujourd’hui à gagner leur pitance dans les entrailles de la terre. Et quelle pitance ! entre 50 et 100 euros par mois, quand ils ont de la chance…  

Nous, nous décidons d’expérimenter la mine et de tenter d’appréhender la vie des profondeurs… 
Histoire de se mettre dans la peau d’un mineur, avant de s’engager dans les galeries obscures, notre guide nous offre une tournée d’alcool à 95 degrés ! Ça met en train ! On s’équipe également de cigarettes et de feuilles de coca, offrandes destinées à El Tio, le Dieu de la mine à l’aspect diabolique que l’on se doit d’adorer pour être couvert d’argent.

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Un long tunnel nous mène jusqu’à un boyau qui descend plus bas, toujours plus loin au coeur de la montagne. On rampe, on se faufile, on glisse, et l’air devient de plus en plus dense, un air de poussière qui s’insinue dans tes bronches et te fait tousser. Il fait de plus en plus chaud, pesant, l’air est irrespirable, les entrailles de la mine sont bien proches de l’enfer. Et nous ne sommes ici que pour 2 ou 3 heures ! Nous sortons de la mine bien fatigués, les poumons en feu, et j’en ai même perdu la voix ! 

Histoire d’amuser les troupes (surtout les garçons), on fait exploser un peu de dynamite, en vente libre en Bolivie. Impressionnant !

Ah, les jeunes !

Durant la visite de la mine, on rencontre 5 jeunes français venus faire une partie de leurs études en Amérique du Sud. Après le travail, le voyage, ils profitent d’être sur place pour visiter la Bolivie et le Pérou. Et à l’apéro, ils réussissent à nous dégoter une bouteille de Pastis, du vrai de chez nous ! Dans la cour de notre auberge, nous initions un couple d’argentins à ce magnifique breuvage français, et ce n’est pas pour leur déplaire. Toute cette petite troupe se retrouve dans un bar, puis en boite. Oui, oui, on a testé la discothèque la plus haute du monde ! Canapés défoncés, danseurs à doudoune et bonnet, et musique plus que louche ! 
Vincent, un de nos compatriotes, décidé à ne pas en rester là, demande au bar une carte des boissons… « on n’a pas de carte, on n’a que de la bière ». Après quelques tergiversations, la serveuse nous sort de derrière les fagots une bouteille d’alcool local, « la Casa Real », joli nom pour un breuvage imbuvable ! « mais je n’ai que deux verres »… Décidément, les boites de nuit boliviennes ont encore du chemin à faire…

On quitte Potosi

Encore embrumés de vapeur d’alcool, nous quittons Potosi pour Sucre, la capitale constitutionnelle.

 

Si vous avez manqué le début du tour du monde

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