La Paz est certainement la ville la plus incroyable et atypique du monde. Sa situation géographique la rend unique. Coincée qu’elle est au creux de la vallée, elle s’accroche de toutes parts aux versants qui l’entourent. 1000 mètres de dénivelé de la ville basse à « El Alto », le quartier qui jouit de la plus belle vue sur la ville mais aussi celui où vivent les plus défavorisés.

En tout cas, une chose est sûre, se promener dans La Paz, ça fait les cuisses ! Et le souffle aussi, à une altitude de 3400 mètres en moyenne. Et si cette ville encaissée en fond de vallée créée au milieu du 16ème siècle par les colons espagnols a pu prospérer de cette façon et atteindre aujourd’hui le million et demi de personnes, c’est qu’elle possède une position extrêmement stratégique sur les routes commerciales d’hier et d’aujourd’hui, entre forêt amazonienne et hauts plateaux andins. 


Ici, pour se déplacer, les paziens préfèrent les microbus à la marche à pied, et des milliers de milliers de minibus sillonnent la ville en crachant leur fumée noirâtre qui pique les yeux et empêche de respirer…  


Nuestra Señora de la Paz, ou Notre Dame de la Paix, son vrai nom, est peut-être une grande ville, mais elle se distingue nettement des autres capitales du monde qui souvent se ressemblent toutes, et garde le charme et les traditions que l’on peut rencontrer ailleurs en Bolivie. La ville est un marché immense, échoppes à l’enfilade vous proposent les mille et unes petites choses dont vous avez besoin, ou plus souvent dont vous n’avez pas besoin. Les étals se partagent la ville en quartier, le quartier des tissus, celui des chaussures, des luminaires, des casseroles et au grand bonheur de Seb de la quincaillerie. Des outils 5 à 10 fois moins chers qu’en France, il est comme un fou !

On retrouve les garçons

On retrouve le groupe d’étudiants que l’on avait rencontré à Potosi, groupe agrandi d’un italien et de deux argentins… Et ils ont la forme ! Ils écument tous les bars et boites de la Paz jusqu’à point d’heure. Nous, on se contente du début de soirée, grande tablée au restaurant à goûter les spécialités culinaires et breuvages de la capitale. Ça se résume souvent à de la cuisine internationale et de la bière ! Les restaus boliviens sont difficiles à dénicher. On a quand même testé la discothèque de la Paz pour l’anniversaire de Charles, l’un des étudiants fous. M’enfin, c’était Lundi, alors on était tous seuls ! 

On visite la prison de San Pedro… Ah ben non

On nous a parlé de la prison de San Pedro, une « prison hors norme », sans gardien à l’intérieur. En quelque sorte une société à part entière, avec son propre système de fonctionnement. A l’intérieur, on travaille si l’on peut, coiffeur, vendeur, menuisier, et l’on paie pour son logement, les plus riches accédant à de véritables appartements, avec salle de bains privée et cuisine, alors que les plus pauvres se partagent une cellule de 9 m2 à 5. La porte de la prison est ouverte aux familles qui vont et viennent comme ils le désirent. Femmes et enfants se retrouvant souvent sans ressources alors que le mari et père se trouve incarcéré, il n’est pas rare de les voir eux-mêmes vivre dans la prison en compagnie des 1500 prisonniers qui y résident. 


La majorité d’entre eux a été arrêtée pour trafic de drogue ; du coup ils ont installé un véritable laboratoire au sein même de la geôle et produisent de la cocaïne qu’ils écoulent à l’intérieur et à l’extérieur de la prison. C’est une des principales ressources financières, et entre autres commerces ils sont également sponsorisés par Coca Cola, qui vend en exclusivité son breuvage en échange d’un peu d’argent, d’approvisionnement en tables, chaises, et autres parasols. 


Le tourisme est lui aussi devenu une source de revenu non négligeable ! Tout a commencé à la fin des années 90 lorsqu’un britannique du nom de Thomas McFadden emprisonné pour 4 années pour trafic de drogue se voit accorder une nuit de liberté dans la Paz. Le voilà qui écume les bars et rencontre une jeune voyageuse israélienne qui fascinée par son histoire lui demande la permission de lui rendre visite en prison. Très vite, le mot passe de bouches de voyageurs en oreilles de routards, et voilà notre cher anglais qui reçoit pleins de visiteurs, et se transforme sans s’en apercevoir en guide touristique de la prison. 
Aujourd’hui, Thomas n’est plus incarcéré, mais business is business et d’autres résidents ont vite appris où pouvaient être leur intérêt. 

Notre petite troupe se rend devant la prison, et bien vite nous voici abordés par un grand black qui nous propose de nous guider dans ce petit monde bien à part. Oui, mais les garçons s’étaient renseignés la veille, et le prix est bien plus exorbitant que celui qui leur avaient été donné alors. 250 bolivianos par personne, 25 euros, une véritable fortune ici, plus que notre budget par jour pour manger, dormir et faire des sorties ! Après moult tergiversations, on décide de laisser la prison aux prisonniers.

On troque la prison pour le musée de la coca

La coca a mauvaise presse. C’est évidemment parce qu’elle est la base d’une des drogues dures les plus vendues dans le monde : la cocaïne. Mais dans les pays andins, la coca est bien autre chose. C’est une plante sacrée utilisée depuis plus de 5000 ans par les peuples amérindiens, lors de cérémonies religieuses mais aussi pour ses nombreuses vertus. Et elle en a des vertus la feuille de coca ! Elle aide à la circulation sanguine et au mal des montagnes, elle donne de l’énergie et fait oublier la fatigue, elle coupe la faim, mais elle aide aussi à la digestion, évite les caries dentaires, et la liste est encore longue ! Les espagnols à leur arrivée traite cette plante de satanique mais vont bien vite s’apercevoir qu’elle peut leur être utile, très utile : les indigènes travaillent beaucoup plus longtemps et sans manger dans les mines lorsque qu’ils mâchent la coca…


La coca est aussi à l’origine de « maître Coca-Cola », car oui, le liquide brunâtre gazeux est bel et bien implanté dans le monde entier et règne en maître de l’Asie à l’Amérique sur le marché de la boisson. En Amérique du Sud, le Coca est moins cher que l’eau, des centaines de devantures sont aux couleurs rouges et blanches du logo, difficile d’éviter la marque ! Il paraît que 300 millions de litres de Coca sont vendus chaque jour dans le monde… Et dire que la boisson doit quelque peu son origine à un français, un certain Mariani, qui crée à la fin du 19ème siècle un vin à base de feuilles de coca, hyper stimulant on s’en doute. L’américain Pemberton s’en inspire, et rajoute de la noix de kola, et voilà notre nom tout trouvé : Coca Cola. Prohibition oblige, la boisson devient sans alcool. La boisson est lancée sur la route du succès.

El Alto et son marché géant

Aujourd’hui, c’est dimanche, et c’est jour de marché à El Alto, le quartier qui se trouve tout là-haut à 4100 mètres d’altitude. Un marché immense, qui s’étend sur des dizaines de rues, des dizaines de kilomètres, où les boliviens se retrouvent pour dénicher la bonne affaire. Et ici on vend de tout ! Du canapé au t-shirt vintage, du cochon à la poussette, de la voiture à la machine à écrire, rien n’est impossible, tout est disponible. Et pour un prix défiant toute concurrence… On a perdu une partie de notre troupe en montant à El Alto, mais il nous reste Manu et Vincent, qui s’en donnent à coeur joie et achètent blousons colorés et bonnets douteux… 

Mariage en grande pompe

Dans la rue, nous croisons un mariage digne des plus grands dignitaires… Les mariés et la famille remonte la rue, au milieu des fumées d’encens et dans le fracas assourdissant des pétards, puis suivent danseurs aux costumes de lumière et musiciens au souffle bien entraîné. Il faut y aller pour jouer du trombone en montant à 3500 m d’altitude ! Une très jolie parade !

Manifestations pro CPE

Le CPE, c’est la nouvelle Constitution Politique de l’Etat, qui doit être votée dans les jours à venir, et ici, comme dans tout le pays, ça engendre du remue-ménage ! À La Paz, on ne voit quasiment que des manifestants pro CPE, paysans indigènes venus montrer leur soutien au projet, Paziens se regroupant autour d’un Evo Morales gonflable géant, les manifestations sont nombreuses… Et les flics (anti-émeutes) aussi !  

Bye bye La Paz

On a adoré déambuler dans ses rues et admirer sa si particulière configuration, dominé par les sommets enneigés à 6000 mètres d’altitude.  On a vraiment apprécié les marchés et l’artisanat bolivien, et on s’est fait plaisir ! 
Il est temps de continuer notre route, celle qui nous mène au lac le plus célèbre du monde : le lac Titicaca.

Si vous avez manqué le début du tour du monde

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