En préparant notre itinéraire autour du monde, l’île de Pâques n’était pas dans la première ébauche. Lorsqu’on a découvert que ce n’était pas plus cher de partir sur ce petit bout de terre au milieu du Pacifique, on en a profité pour l’inclure dans notre billet tour du monde. L’île habitée la plus isolée du monde, à 2000 kilomètres de son premier voisin (l’ile de pitcairn et ses 50 habitants dont personne n’a jamais entendu parler) à portée de main. C’est un peu la noisette dans la plaquette de chocolat, celle à laquelle on ne s’attendait pas mais qu’on a envie de déguster. Alors, afin de profiter de cette terre lointaine difficilement accessible malgré le pied estropié, on décide d’étendre notre séjour de 6 à 12 jours. Ben ouais nous on est comme ça !

Seb el romantico

Ne pas poser le pied par terre pendant trois jours. Voilà le défi auquel Seb et moi sommes confrontés sur cette île aux douces collines volcaniques… Oui, mais nous on veut les voir les Moais ! Theresa nous propose de louer la voiture de sa fille, une bonne affaire, malgré son pare-brise étoilé, ses portes déglinguées et son coffre inouvrable… De toute façon, il n’y a pas d’assurance sur l’île, ça n’existe pas. Il faut seulement bien faire attention à éviter les chevaux, ils sont presque plus nombreux que les habitants de l’île ! Avec notre nouveau moyen de locomotion, qu’on loue un jour sur deux budget oblige, on est tout content, on va pouvoir visiter tout Rapa Nui !


Hors de la voiture, Seb devient “el caballo”, le cheval, et me porte sur son dos d’un site à l’autre… Et dans les rues d’Hanga Roa aussi ! Ce soir-là, c’est la fête au village. Le maire et ses conseillers doivent être élus le dimanche suivant, et pour l’occasion les 3800 habitants se sont rassemblés dans la rue principale (la seule aussi) au son de groupes de musique et à l’odeur des saucisses au barbecue afin de soutenir leur candidat préféré. Pas question de manquer l’évènement, Seb me prend sur son dos et nous courons après le cortège d’un des conseillers afin de prendre quelques photos.

Ce dernier pris de pitié nous propose de nous installer sur son char ! De spectateurs, nous nous transformons en acteurs ! Seb se repose un peu, avant de repartir sa petite femme accrochée à lui. Tout le monde nous acclame dans les rues et congratule les efforts du mari. Rapidement, les gens du coin nous connaissent, Seb est surnommé “el romantico”, et chacun y va de son petit conseil pour la guérison du pied. Eau de mer, plante locale nommée Higueillo, technique de bandage… On s’occupe bien de nous à l’île de Pâques !

À la découverte du Moai

Trois jours après, le pied est tout dégonflé et je peux de nouveau marcher… Pas très vite, certes, mais suffisamment pour partir à la rencontre des Moais, ces fameuses statues élevées avec tant de patience et tant d’efforts par les ancêtres des Pascuans. Venus de Polynésie et certainement chassés par une tribu adverse, il se sont mis en quête d’une terre pour les accueillir, qu’ils ont découvert après un long voyage de plusieurs milliers de kilomètres. Durant plus de 1000 ans, isolés, loin de toute influence extérieure, ils se sont inventés leur propre culture, unique au monde. Jusqu’à la fin du 17éme siècle, sans relâche, ils ont taillé 887 Moais, sculptures géantes de plusieurs mètres de haut, dont un quart seulement sont arrivées à destination. Elles ont été érigées sur des ahu, grands socles de pierre, et coiffées d’un pukao, chapeau ou chignon de couleur rouge.

Fait surprenant, les Moais ne regardent pas la mer, mais au contraire regarde vers l’intérieur des terres, vers ce qu’appelle les Pascuans le Te Pito Te Henua, le nombril du monde !



Dès la fin du 17ème siècle, devenus trop nombreux sur ce petit bout de terre, les ressources deviennent insuffisantes, la quelque dizaine de tribus guerroie et les vainqueurs font tomber les Moais des vaincus, la tête la première… Petit à petit, tous les Moais se retrouvent le nez dans la poussière, et c’est aujourd’hui l’apparence que nous donnent les multiples ahus qui parsèment les côtes de l’ile.

37 statues se dressent toutefois fièrement debout, restaurées sur quatre sites différents.

La carrière du volcan Rano Raraku

Sur le flanc du volcan Rano Raraku se trouve la carrière, celle-là même où les Pascuans fabriquaient leurs Moais. Près de la moitié des statues de l’île s’y trouve encore, quelques 397 pour être précis, pas terminées, trop fragiles, ou peut-être pas assez grandioses. Nous errons à travers un enchevêtrement de Moais couchés, debout, penchés. En toile de fond se trouve la mer à perte de vue, et nous sommes fascinés par ce spectacle grandiose. Notre imagination s’envole, nous admirons dans nos esprits l’incroyable travail de forçat pour réussir à amener ces énormes statues de 50 tonnes et plus sur des sites se trouvant parfois à 20 kilomètres de là. Une réelle prouesse technique !


Le plus grand d’entre eux, encore accrochée à la roche, mesure 20 mètres pour un poids de 200 tonnes… Il aurait certainement été impossible de le déplacer !

La carrière n’a pas fini de nous dévoiler ses secrets, et tout en haut d’un chemin nous découvrons la magie d’un paysage à couper le souffle, un cratère parfaitement rond au fond duquel repose un lac. Bleu gris de l’eau, rouge de la terre, vert des îlots de joncs et toujours ce bleu profond de la mer à l’horizon. Une splendeur.


On ne se lasse pas de retourner dans ce site extraordinaire, en particulier à la tombée du jour lorsque la lumière douce arrondit les angles et adoucit les visages de nos amis les Moais.

La suite de l’île de Pâques

Si vous avez manqué le début du tour du monde

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