Après toutes ces semaines passées en altitude, à chercher notre souffle et à crapahuter, on a une grosse envie de plage et de basse altitude. Alors direction Mancora, la station balnéaire la plus prisée du Pérou !

Mancora la piteuse

Mancora a peut-être connu de belles années, mais Mancora aujourd’hui est fanée. Sur le bord de mer, les vestiges d’une ancienne promenade toute rouillée. Des hôtels à l’abandon, des poteaux dévorés par le sel, des toits effondrés. Bien sûr, on trouve quand même quelques hôtels qui tiennent la route, blanches façades et piscines vue mer, mais ces derniers restent l’exception. Mancora aurait besoin d’un tour chez l’esthéticienne, voire d’une grosse chirurgie esthétique.

Mais nous, si on est à Mancora, ce n’est pas tellement pour la beauté du lieu ou pour le farniente les doigts de pieds en éventail sur la plage. Non, nous si on est venus ici, c’est pour apprendre à surfer.

La vague de Mancora

De belles et grosses vagues roulent jusqu’à la plage. Elles ne sont pas un peu grosses, les vagues ?

« Mancora, c’est un endroit idéal pour apprendre à surfer, nous dit Wilson, prof de l’école de Surf Point. Les vagues sont régulières et longues, c’est très réputé. » Alors c’est parti ! Toute la famille s’y met, chacun avec son prof. Et enfin, pour la première fois, tout le monde se met debout ! La vague est parfaite, les profs au petit soin, on arrive grâce à eux à goûter un petit peu à ce que peuvent ressentir les vrais surfers. Cette semaine, promis, on s’y met tous les jours, et on apprend à surfer.

Les vagues de Mancora

Très vite, on apprend que la mer n’est pas facile à dompter. Jamais pareille. Toujours différente. Parfois c’est le calme plat, l’océan est endormi, ne fait pas (ou peu) de vagues. Souvent il se réveille et se jette tout droit sur la plage. Et de temps en temps il s’énerve, se cabre, et envoie un déchainement de grosses vagues larges et puissantes.

Grâce aux profs, Lily et Léa prennent beaucoup de plaisir à glisser sur la vague et se débrouillent comme de vraies pros. Moi, je fais ce que je peux. Seb apprend rapidement seul et s’éclate. Mais on est tous d’accord sur un point : le surf, c’est sacrément physique !

Roubi le copain chien

Quand on ne surfe pas, on fait l’école, on se baigne à la piscine, on se repose sur les hamacs, on lit, et puis on se balade sur la plage. Tous les soirs, on a notre petit rituel : admirer le soleil plonger dans les flots. Et chaque soir c’est un nouveau spectacle. Les couleurs explosent, les ombres des nuages dansent et les oiseaux virevoltent dans le ciel.

Sur la plage, des dizaines de chiens errants vont et viennent. Mais l’un d’eux est spécial. Il nous prend d’affection. La première fois, il décide de nous suivre sur la plage. On le retrouve de nouveau, et cette fois il continue avec nous dans la ville. L’œil vif, le pelage sombre et luisant, il semble heureux de suivre notre petite famille, particulièrement les filles. Alors que nous nous apprêtons à prendre un tuk tuk pour nous rendre à notre hôtel, le voici qui s’installe sur notre siège ! Les filles sont mortes de rire. On le fait descendre et on lui fait nos adieux, mais apparemment il ne le voit pas de cet œil, et nous suit ! Il court, court après notre moto taxi, ne la lâche pas, au plus grand plaisir de nos demoiselles. Et terminera sa course devant la porte de notre hébergement. Les filles décident de lui donner un nom : ce sera Roubi.

Dès lors, chaque fois que l’on ira sur la plage et que nous le croiserons, il nous suivra dans toutes nos pérégrinations. A l’apéro, au surf, et même lors d’une de mes sessions de jogging. Roubi nous a adoptés. Et nous aussi.

Le surf, une histoire de famille

Tous les matins à 6h, Seb part surfer en solo. « C’est le meilleur moment », nous a dit Nielsen à l’école de surf. Peut-être, mais beaucoup trop tôt pour les filles et moi…

Et tous les matins, il croise un garçon âgé de 8  ans et son père à l’eau. Le gamin a les yeux tout collés, il dort à moitié mais l’eau va vite le réveiller. Le père, c’est Allan, le proprio de l’école de surf. « J’amène mon fils tous les matins surfer avant l’école, et tous les soirs aussi. L’après-midi, il s’entraine aussi au skate, j’ai d’ailleurs fait installer une rampe de skate chez moi. »

Un entrainement à haut niveau dans l’espoir qu’un jour son gamin devienne pro.

« Tu as été pro toi aussi ? »

« Moi, non, par contre ma spécialité c’est les tubes, nous dit-il en nous montrant une de ses vidéos, où on le voit glisser en plein cœur d’une vague.

Moi, j’aime bien parler avec Sam, sa femme.

« Cela fait 9 ans que je vis ici. Je viens de Lima. J’aime bien vivre ici, c’est tranquille ».

Outre leur garçon de 8 ans, Samantha et Allan ont deux autres enfants, Teo 5 ans et Elena 2 ans.

« Toi aussi tu vas surfer ?

– Non, me répond Sam, depuis la naissance d’Elena, je n’y vais plus. Mon corps est fatigué de toutes ces grossesses, et le surf est tellement physique ! Jusqu’à il y a quelques mois, je restais à la maison, à m’occuper des enfants. Mais je m’ennuyais beaucoup… Allan me disait de venir à l’école de surf, histoire de me changer les idées. Mais je ne me le permettais pas, les enfants étaient trop petits… Depuis quelques mois, j’ai recommencé à m’occuper de l’école de surf. Et il avait raison ! Ça me fait beaucoup de bien.

– Tu vis dans un monde d’hommes ! lui dis-je, faisant référence aux nombreux profs de surfs et à la clientèle très masculine.

– Oui, c’est vrai, il y a peu de femmes dans le monde du surf. J’ai quelques amies à Mancora, mais la plupart du temps je suis en effet entourée principalement de garçons.

Barbecue vénézuélien

À Mancora, nous dormons dans un bungalow à quelques pâtés de maison de la mer. L’endroit est défraichi, comme un peu tout ici, mais on s’y sent bien, principalement grâce à nos hôtes, Anton, Isa et leur fille de 3 ans, Tenaid.

« Nous sommes vénézuéliens, nous raconte Anton, cela fait seulement un mois qu’on travaille pour cet hôtel. ».

Les clients vont et viennent, et nous on reste. Forcément, cela crée des liens. Et le week-end avant notre départ, Anton nous propose :

« Ça vous dit qu’on organise un barbecue samedi midi ensemble ? »

Oui, avec plaisir !

De bon matin, Seb et Anton partent au marché acheter viande, poisson, et langoustines. Accompagné de galettes de maïs, spécialité vénézuelienne préparée par Isa, c’est un régal pour les papilles !

« Ça fait combien de temps que vous êtes au Pérou ? 

– Cela fait 5 ans ! Nous sommes venus ici parce qu’on voulait un enfant, mais au Vénézuela ce n’est pas possible. C’est trop cher, le lait, les couches, sont tout simplement hors de prix.

Tout est très compliqué au Vénézuela. L’année 2015 était la pire année. Il n’y avait plus de matière première, plus rien dans les magasins. On faisait la queue pendant des heures pour réussir à acheter du sucre, du beurre, de la farine… Le Vénézuela est pourtant un pays riche. Nous avons du pétrole, des mines de cobalt… Mais nous sommes gouvernés par une véritable mafia. Tout n’est que corruption. Rien ne revient au peuple. L’inflation rendait impossible tout projet d’avenir.

– C’est pour ça que vous êtes venus tenter votre chance au Pérou ?

– Oui ! Au départ, nous sommes arrivés à Lima. Mais la ville ne nous a pas du tout plu. Alors, on est venus jusqu’ici, à Mancora. Je travaillais principalement à la journée. J’ai travaillé comme manœuvre, comme peintre en bâtiment, et aussi comme pêcheur, tout ce que je trouvais. Isa faisait le ménage dans les hôtels. Et puis il y a un mois, on a eu cette opportunité de travailler comme administrateur de l’hôtel. On s’occupe de l’entretien, de l’accueil, du ménage, des petits déjeuners etc… On est vraiment heureux.

– Tu comptes rester au Pérou ?

– Je ne sais pas. On est bien ici, on se sent en sécurité. Notre seul souci, c’est l’éducation. Celle du Pérou a la plus mauvaise réputation d’Amérique du Sud. Quand Tenaid sera plus grande, j’aimerais soit qu’on retourne au Vénézuela, soit qu’on aille vivre dans un autre pays…

Le voyage une histoire de rencontres

Bien plus que la découverte de nouveaux endroits, le voyage est une histoire de rencontres. Des moments de vies partagés, des personnes que l’on n’aurait jamais fréquentées si l’on n’était pas venus jusqu’ici. Ces histoires de vies sont celles qui font la richesse du voyage.

Dernier jour à Mancora, on organise une petite despedida à l’école de surf. Rhum orange et ceviche ! On n’est pas devenus des pros du surf mais on a apprécié de découvrir ce nouveau monde, son ambiance et d’en avoir un peu fait partie.

De jeunes vacanciers colombiens à Mancora

On quitte Mancora la tête pleine de souvenirs, en route pour une nouvelle destination et pas des moindres : les Galapagos !

Retrouvez aussi le journal de Léa dédié à sa rencontre avec Roubi le chien et Supermeuh de Lily qui se prélasse sur la plage de Mancora !

Pour découvrir les autres récits de notre voyage, c’est par ici.

Lisez la suite de notre voyage en famille 2023 : Les Galapagos, Santa Cruz

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Cet article a 15 commentaires

  1. Müller

    Très beau récit pour une ambiance hors du temps !

  2. Annette

    Merci de nous avoir fait prendre les vagues avec vous !
    Et le prof de surf a raison, la mer est imprévisible et toujours plus forte que toi, donc « méfi » !!!
    Grosses bises au coeur d’un été très chaud,
    Annette

  3. Vincent

    Belles descriptions. On a vraiment envie d’y aller aussi

  4. renée LEFEVRE

    Passionnant tout ces voyages merci pour ces merveilleuses photos.

  5. jacky GERSON

    Merci pour ce récit qui nous fait voyager à travers votre petite famille !

  6. BIA Nicole

    Super ce voyage. Cela fait envie à ceux qui rêvent de voyager. N B

  7. Kitzing Michel et Lucienne

    votre voyage est absolument fantastique et je suis heureux pour Roubi d’avoir trouvé une famille d’adoption comme vous et si Roubi vous à choisit c’est parce-que les animaux (surtout les chiens) ne se trompent jamais dans leur choix..mais attention,ne portez pas tout votre Amour sur Roubi, n’oubliez pas que vous avez aussi « Super Meuh » ne la laissez surtout pas tomber. (je vous fais confiance). .. bon séjour aux Galapagos, ou vous verrez beaucoup d’animaux par expl des colonies de iguanes( attention à ne pas en adopter)… bisou à tous et bonne continuation..!

  8. Kitzing Michel et Lucienne

    attention de ne pas adopter d’iguanes aux Galapagos car c’est sûrement défendu et vous avez déjà Roubi et Super Meuh (loll)..bisou

  9. eve

    Je voyage avec vous…merci pour ce partage ….profitez de cette belle aventure en famille

  10. Gaultier Françoise et Christian.

    Merci de nous faire réver !!! Chaque pays est vraiment différent. Bon voyage.
    Gros bisous à toute la famille.
    Françoise et Christian.

  11. Lohier

    magnifique bonne continuation.
    bonne route Annick

  12. Martine Périer

    Toujours très appréciés ses moments de découverte . Je voyage au travers de votre famille.
    Bonne continuation
    Martine

  13. Calvet Véro

    Encore merci Aurélie pour ce beau partage. Vous me faites rêver😘😘😘

  14. LADEL Claudine

    Toujours aussi intéressant, j’ai l’impression de voyager avec vous et maintenant j’ai hâte de visiter les Galapagos.
    Bonne route et bravo.
    Claudine