Direction Ouganda
« Et si nous partions en Ouganda ? C’est moins cher que le Rwanda, on y parle anglais, et il y a de superbes parcs animaliers » nous propose Olivier. Ce dernier a quelques jours de vacances et compte en profiter pour vadrouiller avec nous.
En Ouganda ? J’avoue que je n’y avais jamais pensé, encore moins préparé cette destination. Mais c’est ce qui fait le charme du voyage, pouvoir changer de destination au gré du vent et des propositions. Et puis depuis que nous sommes arrivés au Rwanda, toutes les personnes que nous croisons nous vante ce pays. Alors pourquoi pas ?
Avec Olivier on tente d’établir un itinéraire. Gisenyi se trouve à deux heures de la frontière. Pour ne pas faire trop de voiture, on se décide pour une première étape au lac Bunyoni. 4 visas et une réservation sur internet plus tard, nous voici partis en direction du « Paradise Eco-Hub » !
En piste
Notre GPS nous indique une piste le long du bord du lac. Une piste de terre d’où la vue est superbe… Mais la route est extrêmement irrégulière. Olivier joue à éviter les trous avec son 4×4 et se débrouille très bien. Parfois nous croisons un homme, une femme, un enfant. À chaque fois, on leur demande si c’est la bonne direction « Kabale, yes, this way ». « La route est bonne ? » « Oui, oui, pas de problème » ! Mais après une heure trente de piste, au loin, les nuages s’amoncellent. C’est la saison des pluies, et les orages sont fréquents. Pourvu que le temps tienne jusqu’à notre arrivée… D’un coup, le ciel s’ouvre et déverse un torrent de larmes sur nous… Juste au moment on l’on accède à un hameau, et une vraie route ! Parfait timing. Nous sommes presque arrivés, notre smartphone nous l’indique, le parking pour notre hôtel n’est pas loin… Mais juste devant nous, la route est coupée : un petit éboulement de terrain dû aux récentes pluies. Rien à faire, on ne peut pas passer. Des enfants viennent nous voir, et nous trouvent une solution : ils sont partis chercher des bêches ! Seb et Olivier retroussent leurs manches. Entre deux temps de repos, les enfants proposent leur aide.
Après quelques coups de pelle, ça y est, la route est dégagée. Et le parking en vue juste derrière le tournant. On n’a pas pris le chemin le plus court mais sûrement celui qui nous laissera le plus de souvenirs.
Le « Paradise Eco-Hub » se trouve sur l’île d’Itambira, en face. Nous voyons un bateau s’avancer vers nous. La barque a été creusée dans un tronc d’eucalyptus, comme la plupart des embarcations utilisées sur ce lac. Alors que notre capitaine écope l’eau tombée du ciel, nous montons sur le bateau avec tous nos sacs en se demandant si l’embarcation sera suffisamment solide pour nous tous.
Quelques coups de pagaies plus tard, nous voici au « Paradise Eco-Hub ».
Le lac Bunyoni et l’île d’Itambara
L’île d’Itambara est une toute petite île qui vit principalement du tourisme. Sauf que, les touristes, ils ne sont pas bien nombreux en cette saison. Malgré le fait que nous soyons proches de l’équateur, nous nous trouvons à une altitude de 1962 mètres d’altitude, et il ne fait pas bien chaud. De plus, c’est la saison des pluies et les averses sont fréquentes. Et puis le pays a récemment souffert de la fermeture du pays à cause de l’épidémie d’Ebola. Depuis trois mois, il n’y a plus trace du virus, et les frontières sont réouvertes, mais le tourisme reste encore timide.
Du coup, on est seuls au monde sur la petite île.
Le lac Bunyonyi est l’un des seuls lacs où l’on puisse se baigner en Ouganda, pas de crocodiles, pas d’hippopotames, et pas de bactéries nocives non plus. Alors on en profite !
Le lac des Oiseaux
Chaque matin nous sommes réveillés par les chants des centaines d’oiseaux qui s’égaient sur l’île. Des petits, des gros, des colorés, des à grandes queues, et puis ces grues royales majestueuses qui volent au-dessus du lac et se perchent parfois au sommet des grands arbres. Bunyonyi veut d’ailleurs dire « L’endroit des nombreux oiseaux », le lac porte bien son nom.
« Le lac est l’un des plus profond d’Afrique, nous raconte Silas le gérant de notre hôtel. On estime sa profondeur à 900 mètres à certains endroits. Il a été créé il y a environ 10000 ans, lors de l’éruption volcanique du Virunga. La lave s’est accumulée dans une vallée, formant un barrage naturel sur la rivière. L’eau a alors rempli la vallée. Les îles et les collines que l’on voit tout autour sont donc d’anciens sommets des montagnes de l’époque ! »
Dans le lac, peu de poissons, à part de poissons chats et quelques carpes. La spécialité ici c’est l’écrevisse, délicieux !
Balade sur l’île
En partant à la découverte de l’île, nous passons devant une petite école. Les enfants sont en récréation, et nous font de grands signes lorsque nous approchons. Une femme européenne est avec eux, elle nous propose de venir visiter l’école.
« Je suis bénévole ici, cela fait deux mois que je vis au sein de la communauté, me dit Amely. J’aide notamment les institutrices avec l’école le matin. »
Praise est l’une des deux maîtresses d’école. Aujourd’hui Precious est malade, alors elle est seule pour s’occuper des 33 enfants, et est bien heureuse d’avoir l’aide d’Amely.
« Nous accueillons les enfants de 3 à 7 ans. Nous avons trois niveaux de classe, mais nous sommes seulement deux instits. Alors on jongle. »
Les enfants viennent de l’île, mais aussi des villages environnants sur l’autre rive. Ils viennent chaque matin en bateau.
« Vous ne sauriez pas nager par hasard ? me demande Amely. La plupart des enfants prennent le bateau pour venir jusqu’ici, alors ce dont on a le plus besoin ici c’est de bénévoles qui puissent apprendre à nager aux petits. Ça vous dirait ? »
Apprendre à nager ? Oui, pourquoi pas ! L’idée enthousiasme Léa qui est déjà très à l’aise avec les enfants de l’école. Ok, rendez-vous pris pour le lendemain !
Profs de natation
Le lendemain, nous nous rendons à l’école.
« Ah, super, c’est justement la bonne heure pour aller apprendre à nager, venez, on va au lac ! » nous dit Praise.
Nous suivons une ribambelle d’enfants sur un chemin au milieu des bananiers jusqu’au ponton face au restaurant du hameau. Les instits s’occupent de les mettre en maillot de bain et de leur mettre un gilet de sauvetage, et nous on s’improvise profs de natation. Léa et moi, on leur montre les mouvements de brasse avec les bras, puis avec les jambes, on espère qu’ils ont compris… On va bien vite s’en rendre compte, Precious envoie tous les grands, soit une bonne quinzaine de gosses, tous ensemble dans l’eau… Alors Léa et moi, on fait un peu comme on peut, on récupère ceux qui ne sont pas rassurés et on essaie de les aider à trouver les bons gestes. Les enfants sont heureux dans l’eau, certains sont très à l’aise, d’autres moins. Lily s’occupe de récupérer les enfants lorsqu’ils sortent de l’eau, et de leur enlever leurs gilets de sauvetage. Léa va au bout du ponton et saute dans l’eau, elle est rapidement suivie par les plus téméraires. Praise, l’une des maitresses, décide aussi d’enfiler son gilet de sauvetage, et se plonge dans l’eau. Elle a très envie de sauter du ponton, mais elle n’ose pas, je la prends alors par la main et l’entraine pour sauter avec moi. Un, deux, trois, elle lâche ma main au dernier moment et plouf, me voici seule dans le lac… C’est finalement Léa la persévérante qui parviendra à vaincre ses peurs !
Après la baignade, tous les petits se réchauffent en dansant sur la musique jouée par le restaurant. Nous nous joignons à eux, c’est un grand moment de partage et de plaisir, les petits ont un grand sourire sur les lèvres et nous encore plus.
L’après-midi, nous rejoignons Praise et Tisha pour un cours d’artisanat local. Lily apprend à réaliser un panier avec de la paille, elle est d’une patience à toute épreuve. Léa est vite fatiguée, elle préfère jouer avec les enfants du village.
Cette journée unique nous donne envie d’en vivre d’autres. Nous rencontrons Gad, l’homme à l’initiative de l’association qui a permis à l’école d’exister.
« Je suis ravi de vous voir, je voulais rencontrer les personnes qui ont donné des cours de natation aux enfants ! »
« Justement, on aimerait beaucoup continuer. Est-ce que vous nous accepteriez comme bénévoles ? »
« Bien sûr ! Vous pouvez même venir dormir ici si vous le souhaitez, on a deux cabanes pour vous loger ».
« Super ! On veut bien rester une petite semaine chez vous ».
« Ce n’est pas beaucoup, mais c’est toujours ça. Ok, venez quand vous voulez ! »
Les filles sont ravies. Léa veut continuer à s’occuper des enfants, Lily souhaite aider dans les champs et apprendre à cultiver.
L’école à Itambira
Nous restons donc quelques jours et partageons la vie de la communauté sur l’île. Seb et Lily aident Gad à désherber les champs. Léa et moi nous allons chaque matin à l’école. Les petits apprennent l’anglais, et Léa en profite pour ajouter du vocabulaire à ses connaissances. Elle adore partager des moments avec les enfants et ils lui rendent bien. Quand le temps le permet, nous donnons des leçons de natation. Seb s’y colle avec les tous petits, certains n’ont jamais été dans l’eau de leur vie, une première approche pas toujours évidente !
Un vrai partage pour nos enfants et ceux du village, qui restera gravé dans nos mémoires.
Le projet « GoodLife Community Project Ouganda » a été initié par Gad Mucunguzi, pour en savoir plus, rendez-vous sur l’article qui lui est consacré.
Je viens de lire ce très beau résumé sur l Ouganda, que nous attendons toujours avec beaucoup d impatience je vois que vous vous êtes bien régalé et que vous avez bien profitez des ces enfants, les filles sont au top je vois. Profitez encore de ces moments magiques. Alors es ce que tous ces enfants savent nager, ainsi que la maîtresse. L anglais, la culture, les oiseaux tous y est pour avoir des souvenirs plein la tête. Bonne continuation. Gros bisous à vous et à Olivier
C’est génial
Belles aventures avec de belles rencontres
Quel plaisir de lire tout ça
Bisous à vous
Quel beau récit !!
Je vais essayer de faire un don à cette association. Pour l’instant, je n’ai pas trouvé le lien. Mais je vais retenter ma chance.
Bravo toute la famille pour votre engagement :=)
Magnifique quel beau récit de votre périple et de toutes ces belles découvertes Merci de partager tout cela. De notre côté nous avons quitté Abou Dhabi cette nuit pour regagner les Hauts de France. Notre voyage n a pas la même approche que le vôtre mais j ai été ravie de mieux connaître et comprendre l évolution des Émirats Arabes et de voir l évolution vertigineuse de ce pays. Les voyages ont cela de merveilleux ; la découverte, les échanges, la connaissance des autres. Bref. Bonne continuation à vs 4 et à bientôt pour la suite. Bises Véronique
Ping : Ouganda : Gad Mucunguzi et l'école d'Itambira - Aurélie Frastel
Bravo. Quelle expérience magique et enrichissante. Bravo aux filles pour ces moments de partage intenses.
J’ai beaucoup voyagé mais je ne connais pas le continent africain, alors c’est un vrai plaisir de suivre vos aventures. Bravo d’avoir osé tout laissé en France et partir découvrir d’autres horizons. Une belle école de la vie pour Léa & Lily.
Coucou Aurélie, merci pour ces récits qui donnent envie !! C’est super que vous fassiez ce voyage.
Moi, j’ai décidé que j’irai en Afrique aider dès que j’ai la retraite (car je deviens vieille !!). Je pense que ce sera en début d’année prochaine. J’ai envie aussi d’aller en Amérique du Sud alors dès que j’ai lu tes dépêches, je
fignolerai !!
Faites attention, profitez bien et on attend la suite !! Bisous de la Côte d’Usure ….
Bravo à tous les 4 pour l’aide que vous avez apporté à ces enfants et leur maîtresse,c’est avec émotion que je lis ton récit Aurélie,vous vivez des aventures fantastiques c’est génial. Bonne continuation à tous les 4 en attendant la suite de votre parcours.
C’est génial Aurélie tout ça!!!
Tous ces échanges tes filles avec les enfants vous !! C’est top ce que vous faites!!!!!
Comme cela donne envie de vous rejoindre….
Ce n’est pas juste un voyage, c’est une vrai aventure…
Merci pour le partage.
Je vous embrasse,
Magali
J’en ai mare, j’ai envie de pleurer tellement j’aimerais être avec vous. Continuez à nous faire rêver, c’est trop chouette de lire vos récits. Bises à toute la famille. Gérard