La côte Caraïbes en Colombie by Aurélie

La Colombie. Lorsqu’on évoque ce pays, tout un panel d’idées affluent dans nos têtes. Pablo Escobar. Drogue. Farcs. Enlèvement d’Ingrid Bétancourt. Attention, danger.

La Colombie a mauvaise presse. Vue de France, elle parait un territoire hostile. Les réactions à l’idée que nous allons nous y rendre sont unanimes. « Faites attention, c’est un pays dangereux ».

Mais une autre version nous a également été donnée. Dans le monde des voyageurs, l’image de la Colombie est toute autre. Tous ceux qui s’y sont rendus sont également unanimes : « C’est un pays incroyable » « Les gens sont tellement gentils » « Les paysages sont superbes »… Alors, qu’en est-il ?

Souvent, l’image que l’on se fait des pays lointains alors que l’on est en France est biaisée. On ne connait que ce que les médias nous assènent, et ces derniers n’aiment pas partager les bonnes nouvelles. Il est tellement plus facile de vendre la peur.

Aux cours de nos voyages, nous nous sommes aperçus que l’image des pays ne colle pas forcément à la réalité.

Alors allons voir de plus près à quoi ressemble cette fameuse Colombie.

Carthagène la belle

Carthagène des Indes, cité métisse, cité couleur, cité vibrante et vivante. Les murs des ruelles de sa vieille ville sont comme les pages d’un livre ouvert sur son passé tumultueux. Porte de l’Amérique dès sa création au 16^ème siècle, elle devient rapidement le principal port de la région où transitent or et esclaves. Ici, les cours d’histoire du collège de Lily prennent une nouvelle dimension. Les cartes des livres d’école représentant le commerce triangulaire (or en direction de l’Europe, Babioles en direction de l’Afrique, esclaves en direction de l’Amérique) deviennent beaucoup plus explicites et réels.

Aujourd’hui, Carthagène garde les vestiges de son passé, et les murailles de la ville se dressent toujours fièrement face aux Caraïbes. Mais de nos jours, ce ne sont plus des vigiles qui l’arpentent, mais des centaines de touristes qui viennent y admirer le coucher du soleil.

Carthagène a su préserver et mettre en valeur toute la beauté de ses édifices, et s’y promener est un enchantement. Les bougainvilliers s’accrochent aux balcons de bois, les façades sont soigneusement peintes de couleurs vives, les places ombragées invitent au repos et à l’observation.

Le soir, les troupes de danseurs déambulent dans les rues et émerveillent les passants. « La Cumbia » est évidemment la danse reine. Venue du temps de l’esclavage, la danse est un mélange de mouvements africains et de costumes espagnols. Les pas sont tous petits, peut-être parce qu’à l’origine les danseurs portaient des boulets aux pieds ce qui les empêchaient le moindre mouvement ample.

Mais ce que préfèrent Lily et Léa à Carthagène, ce sont les pigeons vadrouillant sur les places, que l’on nourrit de maïs et qui vous grimpent sur la tête ou sur les épaules !

Carthagène, c’est aussi le quartier de Bocagrande, quartier luxueux et touristique. Sur la plage, les vacanciers peuvent louer des abris, des tentes ou des parasols sous lesquels se trouvent chaises et tables afin de pouvoir passer la journée à l’ombre en toute tranquillité… Comme il faut bien tester toutes sortes d’expérience, nous avons expérimenté la plage à la colombienne et nous nous sommes installés sous un toit de palmes avec vue sur mer. À peine assis sur nos chaises longues un défilé de vendeurs de toutes sortes viennent nous proposer leurs mille et un services. Souvenirs, chapeaux, boissons alcoolisés, massages, cocktails de crevettes, paréos, les vendeurs ne nous laissent aucun répit. Au début on se laisse aller, et on se retrouve une piña colada dans la main et une masseuse dans le dos. Mais rapidement, le jeu devient éprouvant, et on finit par regarder nos pieds, nos mains, la chaise d’à côté, n’importe quoi, pourvu que nous ayons l’air d’être concentré sur autre chose et que les vendeurs ne parviennent pas à accrocher notre regard…

Rapidement, le jeu nous lasse… Pas sûrs que la plage à la colombienne cela soit pour nous !

Santa Marta

Après tous ces mois de vadrouille, on se pose une semaine à Santa Marta, station balnéaire réputée à quatre heures de route de Carthagène. Un peu au hasard, on loue un appartement dans le quartier de Rodadero.

Le Rodadero, c’est quoi ? C’est une baie magnifique où ont élu domicile immeubles, hôtels et clubs de vacances. En quelque sorte un « Juan-les-Pins » XXL.

C’est la période des vacances en Colombie, et la saison bat son plein.

Nous, on a la chance d’habiter au 17^ème étage d’une tour qui surplombe la baie, nous laissant le loisir d’observer à volonté le va et vient des humains qui se pressent sur la plage. À cette distance, les voitures paraissent des jouets et les hommes des fourmis.

À peine le soleil levé, les tentes sont installées, les chaises désempilées, la mer investie de centaines de baigneurs. En effet, sur la côte Caraïbes, en cette saison, il fait chaud, très chaud. Et pendant les vacances, les colombiens aiment passer leurs journées les fesses dans l’eau chaude et une bière à la main. Lorsque c’est l’heure de déjeuner, tous se retrouvent en famille sous les tentes à l’ombre pour partager des arepas (galettes de maïs) accompagnées de frijol (haricots rouges) et de jus de fruits frais.

Les tracteurs tirent les bateaux jusqu’à la mer, tandis que certaines embarcations accueillent des centaines de passagers et filent vers des criques inaccessibles par la route. D’autres tirent des bouées et s’amusent à faire tomber les enfants dans les vagues. Les vendeurs arpentent inlassablement la plage et proposent cocktail et friandises à tous les passants.

Le soir, une voiture de police chasse les estivants des plages : à 18h00, c’est terminé, tout le monde doit rentrer.

Et le lendemain tout recommence. Un véritable ballet qu’on ne se lasse pas d’observer…

Minca

Derrière Santa Marta s’élèvent les sommets de la Sierra Nevada, un massif dont le point culminant se trouve à plus de 5000 mètres d’altitude.

Porte d’entrée des montagnes, le petit village de Minca s’est fait une place de choix dans le cœur des voyageurs en quête d’authenticité. À seulement 45 minutes de voiture de Santa Marta, c’est un tout autre décor qui accueille le visiteur. La température devient agréable et oscille entre 25 et 27 degrés, la forêt tropicale abrite des centaines d’oiseaux colorés et cache de superbes cascades.

On se rend à celle que l’on nomme Pozo Azul, destination renommée et très prisée. Après une vingtaine de minutes de marche à l’ombre des guaduas, gigantesques bambous aux troncs imposants, nous arrivons à une piscine naturelle où se jette une cascade. Spectacle enchanteur que l’on partage avec des dizaines de familles venues barboter dans l’eau froide. On ne saurait leur en vouloir. Le lieu, même à plusieurs, reste magique.

Le Parc Tayrona

Santa Marta, c’est aussi la porte d’entrée du Parc National de Tayrona. À une heure de la ville se trouve l’entrée de Zaino. D’ici, un minibus nous emmène jusqu’au sentier qui longe le bord de mer, entre jungle et plages paradisiaques. Nous, on se laisse tenter par une promenade en cheval jusqu’à la plage del Cabo San Juan… L’une des plus incroyables qu’on ait fait à ce jour. Le sentier de mule s’enfonce dans une jungle florissante, et passe par d’insensés chemins creusés au milieu de la roche. Nos étriers rebondissent allègrement sur les côtés, et nos chevaux s’amusent à se doubler au trot ou parfois au galop. Un décor extraordinaire pour une balade non moins ordinaire qu’on ne regrette pas ! Et l’arrivée est à la hauteur de notre précédente expérience : le sable est blanc, la mer turquoise et l’eau si chaude. Un vrai décor de carte postale… Ou de post instagram…

Le retour se fait à pied. Le paysage alterne entre jungle et plage, toujours enchanteur. Mais qu’est-ce qu’il fait chaud ! Les pauses baignades dans la mer sont salvatrices, et nous aideront à grimper les dizaines de marches qui serpentent dans la forêt. Au bout de quelques heures, nous voici de retour sur la route, fatigués, mais heureux.

Plongée à quatre

Nos expériences de snorkeling aux Galapagos nous ont donné envie de partager avec nos filles une autre découverte datant de notre premier tour du monde : la plongée.

Célia, la divemaster qui nous accompagne, nous emmène au large du Parc Tayrona pour un baptême. Les filles ont bien écouté le cours qu’elle nous a donné précédemment, et sont prêtes à enfiler gilets, bouteilles et détenteurs pour une première expérience sous l’eau. Et tout de suite, elles sont très à l’aise. Et quel bonheur d’être avec elles, à 12 mètres de fond, et de partager la découverte de cet autre monde en leur compagnie !

De retour sur le bateau, Léa donne ses impressions :

« C’était magnifique ! C’est trop bien de nager avec les poissons ! Mais par contre, on n’a pas vu de tortues »… !

« Il n’y en a pas ici »

« Ah bon ? il n’y en a pas partout dans la mer ? »

Bon, peut-être qu’on leur a donné de mauvaises habitudes, à force de voir certains des plus beaux endroits de la planète…

Les colombiens

Cela fait dix jours que nous sommes en Colombie, et pour l’instant, le ressenti est unanime : on adore le pays. La côte Caraïbes nous a déjà tant offert, la culture, les paysages, l’ambiance, et surtout la rencontre avec les gens.

Un seul mot vient à nos lèvres : accueil. Les colombiens semblent heureux de notre présence, sont toujours là pour nous aider, où qu’on soit. À chaque fois qu’on a eu l’air un tant soit peu perdu, quelqu’un est venu à notre rescousse. Et pour peu qu’ils découvrent que l’on parle espagnol, ils deviennent intarissables.

« Ah vous êtes en vacances ! Nous aussi, on vient de Bogota », me dit ma voisine de balcon. Et la voici qui me raconte la vie de toute sa famille, du petit-fils à sa maman disparue il y a peu.

Alors que nous cherchons une laverie pour notre linge, nous nous arrêtons dans une épicerie.

« Oh, il y en a bien une, mais elle est loin, et elle est chère, donnez-le moi votre linge, je vous le fais ! »

Ici, tout le monde s’improvise pourvoyeur de services. Martha fait le taxi avec la voiture de son cousin, le restaurateur Don Pablo devient guide naturaliste, et tous nous donnent tout un tas de conseils sur les choses à faire ou à voir dans la région.

La Colombie est ouverte au tourisme international depuis peu, et on sent que les gens en sont heureux. Le tourisme est synonyme ici de paix sociale et de changements dans le pays. Qu’en est-il dans le centre de la Colombie ? On va vite le découvrir, puisque nous partons pour notre prochaine destination : la région de Medellin, au cœur des Andes.  

Lisez la suite de notre voyage en famille 2023 : Guatapé en Colombie