Il pleut – Extrait du « Grand Océan Blanc » p.103
Dimanche. Je suis en congé. Dimanche et lundi, mes deux jours de liberté. J’adore ces deux jours. Deux jours où je peux me frotter à la montagne. La sentir. La vivre. Respirer. Toucher le ciel, toucher la neige. Deux jours que j’essaie d’exploiter à fond, car ce ne sont que deux jours. Le reste de la semaine j’attends. Je patiente. Je suis tapie dans ma grotte de L’Iseran. Je ne vois pas le jour. Lorsque je commence mon service il fait nuit. Lorsque je termine il fait presque nuit. La semaine se passe et puis la lumière revient. Deux jours de liberté, de vie dehors, de ski, de rando, de raquettes, d’écriture. J’adore mes deux jours.
Ce matin, il neige-pluie. Cela fait quelques jours que je regarde la météo. Elle prévoit de la pluie durant mon week-end. Beaucoup de pluie. Je n’y crois pas. Je ne veux pas y croire. On est le 2 février, il ne pleut pas en Savoie à cette altitude !! Je reste optimiste. Toute cette pluie sera neige et il en tombera deux mètres et je me roulerai dedans. La neige mouillée se réchauffe. Tout doucement, elle se transforme. Glisse. Tombe. Pluie. Ça mouille. Mince, mon optimisme n’aura servi à rien. Il pleut et la pluie lave la neige. La bouscule. La transforme. Elle devient lourde. Elle glisse inéluctablement des toits. Gros paquets de neige qui menacent de s’écraser sur le passant imprudent. La neige s’accroche. Combat la pluie. Tente de se maintenir sur les toits d’ardoises. Mais le combat est trop inégal. La pluie s’infiltre. La pluie pénètre. La pluie gorge la neige et la neige devient pluie. La pluie est victorieuse.
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